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LA PRUSSE


LA COUR ET LE CABINET DE BERLIN


DANS LA QUESTION D’ORIENT.





La Revue a toujours suivi, on lui rendra cette justice, avec une attentive sympathie le mouvement littéraire et politique de l’Allemagne. Nous nous sommes constamment appliqués à maintenir et à resserrer les liens intellectuels qui unissent l’Allemagne à la France, et nous ne croyons point nous abuser sur la valeur du rôle que nous avons essayé de remplir à cet égard, en disant qu’on l’apprécie et qu’on nous en tient compte au-delà du Rhin.

La gravité de l’épreuve que traverse l’Europe devait attirer plus particulièrement depuis une année notre attention sur l’Allemagne, appelée à exercer dans la crise présente une action peut-être décisive. Le jour où la guerre éclata entre les puissances occidentales et la Russie, il fut en effet évident pour nous que le contre-coup s’en ferait inévitablement sentir à l’Allemagne. Toutes les questions d’équilibre européen se décident, depuis le XVIe siècle, en Allemagne et par l’Allemagne : c’est la conséquence de la position que le peuple allemand occupe en Europe et la raison de sa grandeur. A partir surtout du moment où l’Autriche a dessiné son attitude vis-à-vis de la Russie, la neutralité de la confédération germanique, à quelque point de vue que l’on se place, est devenue pratiquement impossible. Engagée contre la Russie, l’Autriche a besoin pour sa sécurité du concours moral et éventuellement du concours matériel de l’Allemagne. Si la confédération refuse son concours à l’Autriche, sa