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Dans la hermelle et le taret, la composition de l’œuf, fécondé ou non, se modifie sous l’influence de cette agitation. La vésicule de Purkinje, la tache de Wagner disparaissent. Leur contenu se mêle à la substance du jaune, avec laquelle il est comme pétri, et qui devient ainsi le véritable germe. Ici la ressemblance que nous cherchons à démontrer est complète. Chez les mammifères, comme chez les mollusques et les vers, la distinction entre les trois sphères disparaît indépendamment de toute fécondation. Au plus haut comme au plus bas de l’échelle animale, l’œuf manifeste ainsi son activité propre.

A la suite des mouvemens dont nous venons de parler, chez la hermelle et le taret il se forme, à la surface du jaune modifié, une sorte de mamelon par où s’échappent, comme chassés du dedans, un ou deux globules transparens bientôt dissous par le liquide qui entoure le vitellus. Quel rôle est assigné à ces globules? On l’ignore. Toujours est-il qu’ils ont été rencontrés également dans l’œuf du lapin par Barry, Bischoff et Pouchet, dans celui du chien par Bischoff, dans ceux des tritons par Warthon Jones, et qu’on les trouvera sans doute chez les autres mammifères, oiseaux, reptiles et poissons. Vertébrés, annelés et mollusques se ressemblent encore sous ce rapport.

A l’expulsion des globules succède chez le mammifère, tout comme chez la hermelle et le taret, un repos de courte durée. Le germe reprend sa forme sphérique un moment altérée, et montre alors une structure entièrement homogène; puis le mouvement recommence, et cette fois il porte sur l’extérieur aussi bien que sur l’intérieur. Un étranglement annulaire se prononce vers le milieu de la sphère animée et se creuse rapidement. Un second étranglement croise bientôt le premier à angle droit; il est suivi de plusieurs autres. Les sillons se multipliant, la masse entière semble composée de sphérules de plus en plus nombreuses, adhérentes entre elles, ce qui donne à l’ensemble un aspect framboise; mais les progrès mêmes de cette division rendent peu à peu la surface lisse et ramènent presque l’état primitif. Seulement le germe s’est éclairci, et ses couches extérieures commencent à prendre l’apparence d’un jeune tissu. Ces singuliers phénomènes sont encore communs à tous les animaux. Découverts chez les grenouilles par MM. Prévost et Dumas, ils furent promptement observés chez un grand nombre d’invertébrés, puis chez les poissons par Rusconi, chez les mammifères par Bischoff,