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ATHENES


ET


LES GRECS MODERNES




Athènes aux quinzième, seizième et dix-septième siècles, d’après les documens inédits, par M. L. de Laborde.





I

Il est difficile de considérer Athènes au XVe ou au XVIIe siècle sans songer d’abord à ce qu’est Athènes au XIXe. Avant de remonter jusqu’aux Grecs du moyen âge, la pensée s’arrête naturellement sur les Grecs d’aujourd’hui. C’est là ce que j’ai éprouvé dès que j’ai ouvert le livre de M. de Laborde[1]. En suivant les vicissitudes d’Athènes, je me reportais à sa situation présente, et j’étais saisi d’un douloureux sentiment, que partageront tous ceux qui révèrent la grandeur déchue et plaignent l’infortune imméritée. Assurément je ne suis pas seul à dire avec une tristesse qui ne craint point qu’on la raille : Pauvre Athènes ! pauvres Grecs !

Pauvre Athènes, qui n’a point obtenu, non plus que Rome, la solitude pour ses ruines et le recueillement pour ses souvenirs. Les rumeurs d’une cité qui grandit rapidement étouffent partout l’éloquence du passé ; les besoins de la vie détruisent sans cesse quelque débris des vieux âges. L’Ilissus, aux bords duquel discourait Socrate, est traversé chaque jour par les convois funèbres ; la fontaine Callirrhoé, où les vierges athéniennes puisaient une onde pure,

  1. 2 vol. in-8o ; Paris, chez Renouard.