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entier a pour point de départ la cellule. Ce fait d’organogénie est confirmé par l’anatomie comparée. Parmi les derniers végétaux, il en est qui sont réduits à une seule cellule isolée.

Ces quelques mots suffisent pour faire comprendre combien les botanistes ont dû attacher d’importance à découvrir le mode de développement et de multiplication des cellules. Or, sur le premier point, ils ne sont guère d’accord. Parmi eux, M. Schleiden, un des plus éminens botanistes d’Allemagne, a émis une théorie que ses compatriotes ont adoptée, et qui compte ailleurs aussi de nombreux partisans. D’après lui, le tissu cellulaire est d’abord liquide, et prend peu à peu la consistance d’une gelée, sans montrer encore de traces d’organisation[1]. Alors apparaissent dans la masse de très petits corpuscules opaques ou nucléoles, autour desquels la matière voisine semble se condenser pour former autant de noyaux. De ceux-ci s’élève une membrane qui peu à peu les enveloppe en entier, et forme ainsi la cellule proprement dite. Une fois développée, chaque cellule jouit du pouvoir d’en engendrer de nouvelles par divers procédés que reconnaissent généralement tous les botanistes. Tantôt la cellule primaire se multiplie, pour ainsi dire, par bourgeons latéraux et extérieurs; tantôt elle se partage à l’intérieur, par étranglement ou par cloisonnement, en un certain nombre de chambres qui deviennent autant de cellules distinctes; tantôt enfin elle produit dans son sein des cellules libres qui, en grandissant, finissent par faire éclater et disparaître les parois de la cellule-mère.

M. Schwann a recherché dans le règne animal les faits que nous venons d’indiquer. Il a cru les y avoir retrouvés, et a pensé pouvoir faire à la zoologie une application rigoureuse des théories botaniques. Adoptant en entier la manière de voir de Schleiden sur la formation des cellules primaires, il a donné à la substance amorphe que nous avons appelée sarcode le nom de cystoblastème. Toujours, selon lui, cette substance se transforme en donnant successivement naissance au nucléole, au noyau, et enfin à la cellule. Celle-ci est l’origine de tous les tissus, et par conséquent de tous les organes et de l’animal entier. L’œuf lui-même n’est autre chose qu’une cellule simple dans laquelle le nucléole est représenté par la tache de Wagner, le nucléus par la vésicule de Purkinje, et l’enveloppe cellulaire, avec son contenu, par la membrane vitelline et le jaune. Enfin le fractionnement, le framboisement du vitellus, que nous avons décrit plus haut,

  1. M. de Mirbel, notre illustre physiologiste botaniste, admettait l’existence d’une substance pareille et lui donnait le nom de cambium; mais pour lui les corpuscules ou nucléoles de Schleiden sont autant de cavités qui grandissent peu à peu et refoulent la matière environnante, qui s’organise pour former les cloisons des cellules.