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apparaît d’abord comme fort simple et composé seulement de ses parties fondamentales. Celles-ci, à leur tour, se complètent en donnant naissance aux organes annexes et à ceux qu’on peut regarder comme accessoires. Le tube intestinal, par exemple, est déjà organisé, qu’il n’existe encore aucune des glandes dont les produits seront plus tard nécessaires aux actes digestifs; mais bientôt, sur un point déterminé, se creuse un petit cul-de-sac et se développe un blastème qui ne tarde pas à montrer une cavité allongée, à parois peu distinctes, simple d’abord, puis quelque peu ramifiée. On reconnaît un canal excréteur et les premiers rudimens d’un organe de sécrétion. A leur tour, ces premiers lobules se multiplient par un mécanisme analogue jusqu’au moment où l’ensemble présente le volume et la structure de cette énorme glande qu’on appelle le foie et qui sécrète la bile. Les autres glandes, les poumons, se forment de la même manière. Or bien évidemment aucun de ces organes ne préexistait à son apparition. Ainsi la puissance formatrice se manifeste d’abord sur un centre unique, l’aire germinative, puis sur trois centres secondaires, les trois feuillets, puis enfin sur des centres de plus en plus multipliés, à mesure qu’il ne s’agit que de compléter des appareils d’abord fort simples; mais partout l’épigénèse se montre comme jetant les fondemens et de l’embryon lui-même et de chacune de ses parties.

Une fois ébauché et toujours fort petit, chaque organe a d’abord à croître. Alors à des phénomènes purement épigénétiques succèdent ou s’ajoutent des phénomènes d’évolution, et ceux-ci se présentent sous deux formes principales. Un organe peut grandir sans que sa configuration, ou même sa texture, paraisse changer en quoi que ce soit. Les enveloppes de l’œuf, et surtout l’amnios chez l’embryon, presque tous les appareils chez l’enfant, nous fourniraient ici de nombreux exemples. Néanmoins, avant d’en arriver à ce mode d’évolution, le plus simple de tous, l’immense majorité des organes doit changer de proportions et de formes tout aussi bien que de dimensions. Ici, pour fixer les idées, nous nous bornerons à citer deux faits empruntés à l’embryogénie humaine. Chez l’homme, au moment de leur apparition, les bras, semblables à de petites palettes arrondies, sont placés vers le milieu du corps, et la queue, tout aussi longue que chez les autres mammifères, dépasse pendant quelque temps les jambes, alors parfaitement semblables aux bras. À cette époque, l’embryon humain ne ressemble pas mal à certains phoques.

En général, chez les animaux supérieurs, chaque fois que les progrès du développement amènent un besoin nouveau, la nature crée un organe pour y satisfaire, et comme, parmi ces besoins, il en est de temporaires, les organes qui leur répondent sont souvent