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traitement qu’ils ne méritaient pas, reprirent l’usage de l’ensevelissement, qui, après eux, fut de nouveau abandonné. La prédominance des mœurs grecques au temps de Sylla dut contribuer à faire adopter généralement la coutume qu’il avait introduite. De là provient cette multitude d’urnes funèbres de toutes formes, et souvent de formes très gracieuses, qu’on a déterrées en si grand nombre, et qui sont un des ornemens du Vatican. Elles figurent un vase, une corbeille, quelquefois une petite maison dans laquelle les portes et jusqu’aux tuiles sont indiquées, toujours par suite du désir d’imiter dans l’asile des morts la demeure des vivans.

Le columbarium est propre aux Romains. On nomme ainsi les sépultures à l’intérieur desquelles une foule d’urnes sont rangées dans des niches qui donnent au monument l’aspect d’un pigeonnier. On n’a trouvé, que je sache, en Grèce rien de pareil. C’est un produit des mœurs romaines. En général, un columbarium était destiné à recueillir les cendres des affranchis qui dépendaient d’un grand personnage. Le plus considérable de ceux qu’on a trouvés à Rome est le columbarium des affranchis de Livie et celui des esclaves d’Auguste. Ce mode de sépulture convenait à la nombreuse dépendance des puissans de Rome. C’était le sépulcre de ce qu’on appelait la famille, qu’on appelle encore la famiglia, et que nous nommerions la domesticité romaine. Les niches qui contiennent les urnes de ces affranchis de l’impératrice et de ces esclaves de l’empereur sont ornées de colonnettes, de sculptures, de peintures ; chacun a son épitaphe. Leur sort est meilleur que celui de la foule des pauvres de Rome, que jusqu’à Mécène on jetait dans des trous, sur l’Esquilin qu’ils infectaient. Avec les columbaria apparaît pour la première fois le principe de la sépulture en commun, chaque mort ayant pourtant son asile funèbre. Ce principe devait être appliqué plus tard aux cadavres des premiers chrétiens. La fraternité chrétienne s’accommodait de cette humble fraternité de la tombe, et ainsi naquirent les cimetières, ce qui veut dire lieux de sommeil, mais d’un sommeil que le réveil devait suivre. Tel était le nom de ce qu’on a appelé aussi les catacombes ; mais nous en sommes encore au temps de Rome païenne.

Les monumens de la république qui à Rome ont le caractère le plus romain sont le Tabularium et les arcs de triomphe.

Le Tabularium était le lieu où se conservaient, gravés sur le bronze, les Sénatus-consultes, les plébiscites, les traités. Vespasien lit recueillir trois mille de ces actes publics. Quelle perte pour l’histoire que celle de ces archives de bronze du peuple romain ! Par sa solidité, le Tabularium, œuvre de la république, peut rivaliser avec les ouvrages de l’époque des rois. Appuyé au Capitole et composé de deux galeries à jour s’élevant au-dessus d’un corridor souterrain, il devait couronner magnifiquement le Forum. La galerie supérieure a disparu ;