Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rapport du développement est la classe des gastéropodes, composée d’animaux tous plus ou moins voisins de l’escargot et de la limace. Ces deux espèces aériennes sont simplement ovipares, et il paraît en être à peu près de même de toutes celles qui habitent nos eaux douces. Les espèces marines au contraire nous présentent de véritables métamorphoses.

Voyons par exemple ce qui se passe chez un de ces mollusques phlébentérés qui m’ont valu tant de vives attaques. A l’état adulte, ces animaux n’ont point de coquille; leur tête est armée de quatre longues cornes ou tentacules, à la base desquelles se trouve une paire d’yeux; leur dos est chargé de petites baguettes longtemps regardées comme de simples branchies. Ils rampent au fond de l’eau à l’aide d’un plan charnu qu’on appelle le pied. Les couleurs souvent les plus vives décorent ces jolis petits êtres, qu’on dirait faits d’émail et de cristal. Voilà pour l’extérieur. A l’intérieur, on trouve, entre autres, un large estomac d’où partent d’un côté un intestin des plus courts, et d’autre part des troncs plus ou moins nombreux, qui se ramifient et envoient des prolongemens jusqu’au fond des appendices dorsaux. Le foie, ordinairement si volumineux chez les mollusques, est ici réparti en couches minces seulement sur les derniers cœcum de ces ramifications gastro-vasculaires. Eh bien ! au sortir de l’œuf, les larves ont une coquille, et leur pied, encore rudimentaire, est garni en dessous d’une plaque cornée que l’animal abaisse ou élève comme une sorte de pont-levis pour ouvrir ou fermer son habitation. Ainsi inhabile à ramper, il porte pour organe de mouvement une espèce de large collerette double, étendue au-dessus de la bouche; de longs cils vibratiles bordent ce voile, et en font un puissant appareil de natation, que l’animal développe ou replie à son gré en se retirant dans sa coquille. Le corps, pelotonné dans cette dernière et fixé par des muscles robustes, renferme un appareil digestif et un foie très semblable à ceux des mollusques ordinaires. Au bout de quelque temps, les muscles adhérens à la coquille se détachent, l’animal quitte la demeure qui l’abritait depuis sa naissance; le corps s’allonge; le pied, dépouillé de l’opercule désormais inutile, commence à remplir ses fonctions, et par contre l’appareil rotatoire s’atrophie; l’estomac se prolonge en arrière en un cul-de-sac qui gagne peu à peu du terrain et se ramifie progressivement; une paire d’appendices se montre sur le dos, d’autres lui succèdent, et la larve, d’abord semblable à celle de beaucoup d’autres mollusques ordinaires, devient peu à peu un phlébentéré.

L’embryogénie des gastéropodes été l’objet de travaux fort nombreux, et dans la liste des auteurs qui ont contribué à éclaircir cette partie du sujet qui nous occupe, on trouve les noms de