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nations. En général on ne se rendait pas bien compte de la position singulière qu’avait prise la Russie, occupant deux provinces de l’empire ottoman contrairement à toutes les notions de droit international, mais hésitant, mais n’osant pas pousser son injuste entreprise jusqu’au bout, et s’étant engagée vis-à-vis de l’Europe, même après la déclaration de guerre de la Turquie, à rester sur la défensive. Cependant c’est surtout quand on est dans son tort et qu’on a pris le parti d’y rester, qu’il semble que l’on peut appliquer sans scrupule le fameux adage des jésuites : qui veut la fin veut les moyens ! Que serait-il donc arrivé, par exemple, si dans les premiers jours d’octobre 1853 l’empereur Nicolas, prenant acte et se faisant fort de la déclaration de guerre de la Porte, eût renoncé à la comédie de modération qu’il jouait encore devant l’Europe, et prétendu que, délié de ses engagemens par suite de la dénonciation des hostilités, il ne faisait qu’user de son droit en donnant l’ordre à sa flotte de Sébastopol de prendre à son bord le corps de débarquement, qui était