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d’Alexandrie, qui serait comblé depuis longtemps, s’il n’était protégé par le courant littoral, sont autant de preuves qui n’admettent aucune contestation.


IV. — REGIME DU NIL.

Le Nil commence à croître vers le solstice d’été, entre le 20 juin et le 1er juillet; son niveau va s’élevant jusqu’à la fin de septembre. H commence à décroître et va s’abaissant graduellement jusqu’à la fin de mai. La hauteur de la crue, mesurée à l’échelle du meqyas[1] du Caire, varie entre 5 mètres et 9 mètres. D’après M. Lepère, on peut diviser les crues selon les hauteurs, comme il suit :


Au-dessous de 5m,40 famine.
De 5m, 40 à 6m crue insuffisante, disette.
De 6m à 7m récolte faible.
De 7m à 7m,50 crue forte, devenant de plus en plus nuisible.
Au-dessus de 8 crue extrêmement nuisible, famine certaine, danger de peste.

Malgré les incertitudes qui restent encore, soit sur la dimension rigoureuse de la coudée employée à diverses époques, soit sur la position exacte du zéro de l’échelle servant à mesurer les crues, il est extrêmement probable que la hauteur des crues n’a pas varié (cela est même certain depuis l’époque romaine), et que les limites des crues favorables ou nuisibles étaient à peu près les mêmes du temps d’Hérodote qu’aujourd’hui, d’où il résulte que l’exhaussement successif des crues suit exactement celui du Delta, et que le niveau du lit et des eaux du fleuve s’élève exactement de la même quantité que ses rives.

La vitesse du Nil est, dans la partie inférieure, d’environ 50 à 60 centimètres par seconde, en basses eaux, et dans la partie supérieure, de 60 à 80. M. Lepère cite deux faits desquels il résulte que la crue de 1799 a parcouru 300 kilomètres en 5 jours, soit 0m70 par seconde et 750 kilomètres en 11 jours, soit 0m80 par seconde.

D’après les évaluations de MM. Girard, Linant et Mougel, le débit du Nil peut être évalué de 6 à 700 mètres cubes par seconde en basses eaux, et de 9 à 10,000 en hautes eaux. Ces chiffres sont à peu près ceux des débits extrêmes du Rhône (500 mètres en basses eaux et 10,000 en hautes eaux), mais le débit total annuel du Nil

  1. Nom donné par les Arabes aux nilomètres ou échelles destinées à mesurer les hauteurs du Nil.