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est de plus de 90 millions de mètres cubes, tandis que celui du Rhône n’excède pas 54 millions.


Le débit moyen du Nil serait ainsi de 2.860 mètres cubes par seconde.
Celui du Rhône est de 1.718 —
Celui de la Seine de 249 —
Celui du Mississipi de 23.500 —
Celui du Maragnon de 143.640 —

Ainsi le Nil débite dix fois autant que la Seine, à peu près le double du Rhône et seulement le huitième du Mississipi et le cinquantième du Maragnon.

Les eaux du Rhône contiennent en moyenne 7m de limon; celles du Nil, attendu la durée des crues et la ténuité des dépôts en suspension, en contiennent probablement davantage, mais en admettant la même proportion, les 90 millions de mètres cubes d’eau que débite le Nil entraîneraient 36 millions de mètres cubes de limon. L’élévation moyenne du Delta étant seulement de 6 centimètres par siècle, il en résulte qu’un cinquième environ des matières que le Nil tient en suspension serait employé à élever le sol de la Basse-Egypte, et que le surplus serait versé dans la Méditerranée.


V. — NIVEAUX RELATIFS DU NIL ET DES DEUX MERS.

D’après le nivellement fait en 1799 par les ingénieurs de l’expédition d’Egypte, le niveau des basses eaux du Nil au Caire dépasserait seulement de 5m11 celui de la Méditerranée. Les nivellemens exécutés avec le plus grand soin en 1847, et dont j’aurai occasion de parler plus tard, constatent au contraire que cette différence de niveau est en réalité de 13m 27. Si on prend le chiffre de 7 mètres pour la hauteur moyenne de la crue, la cote des hautes eaux sera 20m27.

L’exhaussement du lit du Nil au meqyas étant supposé de 12 centimètres par siècle, ces cotes doivent être réduites de 1m,20 pour dix siècles; c’est un point qu’il importe de ne pas perdre de vue, quand on veut se rendre compte des tentatives de canalisation de l’isthme essayées dans l’antiquité.

Les nivellemens des ingénieurs de l’expédition d’Egypte avaient établi que la Mer-Rouge était notablement plus élevée que la Méditerranée. La différence de niveau était, d’après ces nivellemens, au maximum de 9m90, et en moyenne de 8m 46. Les opérations exécutées en 1847 ont au contraire constaté que le niveau de basse mer est à peu près le même dans les deux bassins, et que, dans les grandes marées, le niveau de la Mer-Rouge est même inférieur à celui de la Méditerranée. Toutefois l’amplitude de la marée étant en moyenne de 2 mètres dans la Mer-Rouge et de 40 centimètres seulement dans