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suffisait à maintenir une passe convenable à travers la plage de Tineh.

Voici les principales dispositions de ce projet :

Les seuils de Suez, de Serapeum et d’El-Ferdan (car M. Linant connaît trop bien les lieux pour commettre la même erreur que M. Lepère, quant au dernier) sont coupés par des tranchées de 3 mètres de profondeur sur 15 mètres de largeur moyenne; M. Linant laisse ensuite au courant qui doit s’établir à travers ces tranchées par le déversement des eaux le soin de les approfondir et de les élargir de manière à assurer partout au canal une largeur moyenne de 50 mètres et une profondeur de 6 à 7 mètres, représentant un tirant d’eau de A à 5 mètres. M. Linant suppose qu’en sortant de la tranchée d’El-Ferdan, les eaux suivraient une vallée se dirigeant vers Peluse par Bir-abou-Roq; mais les études de 1847 n’ont pu fournir aucune trace de cette vallée; elles démontrent au contraire que les bas-fonds de Krayeh, comme la petite vallée dans laquelle se trouve Bir-abou-Roq, versent également leurs eaux dans le lac Ballah, et que le niveau du terrain va en s’élevant constamment et sans aucune interruption, en partant des bords du lac jusque sur les pentes supérieures de la chaîne arabique. La chaîne de dunes mobiles qui se montre sur ces pentes de Bir-abou-Roq à Abou-Assab, à peu près suivant une ligne horizontale comprise entre les cotes 20 et 40 mètres, forme en effet une sorte de vallée secondaire, dirigée vers la Méditerranée; mais cette vallée sans profondeur est très élevée au-dessus du niveau de la mer. Le projet de M. Linant ne serait donc pas exécutable dans cette direction. Rien n’empêcherait cependant de suivre 1rs bords du lac Menzaleh, en choisissant convenablement le terrain, et ce détail ne changerait presque rien à la disposition générale du projet.

Préoccupé de la différence du niveau de la Mer-Rouge avec les basses terres de l’Egypte, M. Linant propose d’exécuter deux fortes digues pour empêcher le déversement des eaux salées dans le Delta : l’une de ces digues est placée à l’entrée de la vallée de Toumilat, et l’autre près de Ràs-el-Moyeh. Une simple rigole de direction, creusée dans la vallée supposée de Bir-abou-Roq, servirait de premier lit aux eaux, qui, par leur vitesse, auraient, d’après cet ingénieur, bientôt transformé ce lit insuffisant en un grand fleuve, et arriveraient ainsi dans la plaine de Peluse qu’elles traverseraient, au moyen d’un canal aboutissant à la mer, entre les ruines de Peluse et celles de Faramah; ce canal, flanqué d’une digue destinée à empêcher le déversement des eaux salées dans le lac Menzaleh, débouche dans la baie de Tineh, où le courant ouvrirait bientôt une large et profonde passe.