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3° Le nouveau port serait protégé, du côté de l’est, par un môle d’abritement servant en même temps de jetée d’appareillage qui pourrait être exécuté, sans trop de dépense, à l’aide des bas-fonds qui limitent la rade de ce côté.

A l’ouest, il serait parfaitement abrité par la montagne d’Attaka, et au sud par la pointe avancée de Râs-el-Attaka. Les vents du sud-est seraient les seuls dont les navires eussent quelque chose à craindre dans le port; or, d’après le commandant Moresby[1], les vents de la région du sud, qui ne soufflent qu’en hiver, ne durent que quelques jours; ils ne sont frais que par occasion, et n’atteignent que par exception la force d’un coup de vent maniable; les vents du nord, qui sont presque constans, et les vents d’ouest, qui soufflent quelquefois avec beaucoup de violence dans les mois d’hiver, sont les seuls contre lesquels il importe que le port soit abrité, et, sous ce rapport, l’emplacement choisi ne laisse rien à désirer.

Cette combinaison dispenserait de l’emploi des chasses comme moyen de creusement de la passe. Je suis convaincu que des machines à draguer suffiraient pour obtenir ce résultat, et qu’avec deux jetées laissant entre elles une largeur de 50 mètres, prolongées jusqu’à la tenue de 9 à 10 mètres, on n’aurait presque rien à faire pour maintenir à une profondeur convenable le chenal une fois creusé. Au reste rien n’empêcherait d’employer, comme moyen de chasses, après les coups de mer du sud, les seuls qui puissent encombrer la passe, la retenue entière du canal et celle même du bassin des lacs amers, et c’est dans cette mer qu’il convient de maintenir la ligne d’eau du canal à la hauteur de 6 mètres jusqu’à son embouchure.

La rade de Suez est suffisamment abritée, la tenue en est bonne et la profondeur convenable. Nous venons de voir que, pour établir dans la partie nord-ouest de la rade un très bon port, il suffirait d’exécuter un môle pour isoler l’emplacement du port du reste de la rade; le chenal conduisant du canal dans le port serait facile à creuser et à maintenir. A tous les points de vue, la solution de la question du débouché du canal dans la Mer-Rouge est ou déjà résolue, ou facile à résoudre sans sortir des limites de temps et de dépenses les plus modérées.

Les ouvrages à exécuter pour assurer la tranquillité du port et la permanence de la passe consistent donc : 1° en un môle d’abritement d’environ 2,000 mètres de longueur, destiné à garantir le port des vents de la région de l’est et à maintenir les sables qui encombrent la partie nord-est de la rade ; 2° en deux jetées, dont je ne puis déterminer la longueur exacte, servant à délimiter et à protéger la

  1. Instructions nautiques sur la Mer-Rouge, par K. Moresby et F. Elwon.