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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/529

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Mer-Rouge, ou les incertitudes de la traversée du Nil et les difficultés d’alimentation du point de partage, les observations qui précèdent répondent suffisamment aux objections qui portent sur ces divers points. La multiplicité des écluses est assurément un inconvénient, mais ce n’est pas une impossibilité. Dans le cas le plus défavorable, il y aurait au plus vingt écluses qui, à un quart d’heure et même une demi-heure par écluse, n’emploieraient que cinq et tout au plus dix heures.

L’alimentation du canal par les eaux du Nil a fait naître des craintes sur la possibilité d’un entretien convenable. Sans doute l’emploi d’eaux troubles pour alimenter la navigation n’est pas sans inconvénient; toutefois il ne faut pas s’exagérer la portée des conséquences qui pourraient en résulter. Chacun des versans du canal consommerait à peu près 500,000 mètres cubes d’eau par jour, qui, d’après la proportion de 1/2500, contiendraient environ 200 mètres cubes de limon; il s’agit donc tout au plus de 73,000 mètres cubes de dépôt à enlever par an dans chacune des branches du canal. Ces dépôts, répartis sur toute la ligne du canal, n’élèveraient pas le fond d’un centimètre par an; répartis, comme ils le seraient selon toutes les apparences, dans les premiers biefs, ils en élèveraient le plafond de 15 centimètres au plus. Une drague à vapeur de dix à quinze chevaux enlèverait facilement 100 mètres cubes par heure. Pour entretenir chaque branche, il suffirait annuellement de soixante-treize jours de dix heures de travail d’une pareille drague pour chaque branche, et d’une dépense de 200,000 francs au plus pour le canal entier.

L’encombrement du canal par les sables mouvans a excité aussi quelques inquiétudes. La réponse à cette objection se trouve dans l’état de l’ancien canal, dont les vestiges étaient encore visibles en 1799 sur la presque totalité du parcours. Les seuls points où ils eussent disparu sous les sables se bornaient à l’embouchure dans le bassin des lacs, et à quelques kilomètres de longueur dans la vallée de l’Ouady-Toumilat, à l’est de Ras-el-Ouady. Ainsi, après plus de dix siècles d’abandon, les sables n’avaient comblé le canal que sur des longueurs insignifiantes, et encore, dans les parties envahies, est -il rare que les dunes dépassent le niveau des anciennes digues. La seule partie du tracé de l’ancien canal où elles aient pris de la hauteur est celle qui avoisine Serapeum et le bassin des lacs, mais là encore les plus élevées des dunes se sont-elles fixées d’elles-mêmes et sont-elles aujourd’hui couvertes de tamaris; de plus, il est facile d’éviter sur ce point les sables mobiles, en rejetant le tracé dans la plaine de gravier qui se trouve à l’ouest des dunes. Quant à