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ASTRONOMIE COSMOGONIQUE


LA TERRE AVANT LES ÉPOQUES GÉOLOGIQUES.



Namque canebal uti magnum per inane coacta
Semina terrarumque animaeque marisque fuissent,
Et liquidi simul ignis : ut his exordia primis
Omnia, et ipse tener mundi concreverit orbis.


Il disait dans ses chants comment au sein de l’immensité de l’espace s’étaient rassemblés les principes de la terre, de l’air, de l’eau et du feu ; comment avec ces élémens primitifs s’était formée la nature entière, et le globe terrestre lui-même encore dans l’enfance.
(Virgile, Églogues.)


La fin du siècle dernier et le commencement de celui-ci ont été illustrés par les travaux d’un géomètre du premier ordre, Laplace, que l’on a souvent appelé le Newton français, au grand honneur de l’un et de l’autre de ces éminens génies. On a dit depuis longtemps qu’Homère avait fait Virgile, à quoi les partisans du poète romain répondaient que si Homère avait fait Virgile, c’était sans contredit son meilleur ouvrage : on pourrait dire la même chose de Newton par rapport à Laplace. Toutefois, en reconnaissant que Laplace, ainsi que Newton, appliqua à l’astronomie théorique sa puissante organisation mathématique, il faut reconnaître aussi que l’objet de leurs travaux fut bien distinct. Newton, fort des principes de la mécanique inaugurée par Galilée et de la grande loi de l’attraction universelle découverte par lui-même, avait dévoilé le secret des mouvemens célestes,