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évangélistes. Eh bien ! la concordance de la géologie et de la Genèse menace d’en produire encore davantage. Des fondations pieuses en Angleterre ont été consacrées à cette recherche, tant il est vrai que l’esprit humain ne peut se résoudre à ignorer même ce que peut-être il lui est impossible de savoir ! Tout en ne partageant pas la sollicitude inquiète qui pousse vers cet ordre d’idées les sectes chrétiennes, où prévaut le libre examen individuel, et en laissant de côté l’interprétation symbolique ou littérale des diverses assertions du livre, — qui en France ont été suivies avec la plus rare sagacité par M. L’abbé de Tinseau jusque dans leurs extrêmes déductions, — nous reconnaîtrons et nous prendrons dans la Bible une date bien exacte de l’époque où s’est opérée la dernière catastrophe qui a donné à la surface de la terre l’aspect que nous lui voyons aujourd’hui.

Mais dépassons l’époque de cette dernière catastrophe ; remontons au-delà des âges historiques, au-delà même des âges géologiques. Où était alors notre terre ? D’où vient-elle ? A-t-elle toujours occupé sa place actuelle dans le monde planétaire ? Si elle a fait partie du chaos, comment en est-elle sortie ? A quelle origine faut-il rapporter et sa formation et celle de toutes les autres planètes solaires ? Celles-ci, au moment où j’écris, sont pour nous au nombre de quarante-trois, savoir quatre planètes de grosseur moyenne voisines du Soleil : Mercure, Vénus, la Terre (ou Cybèle), et Mars ; quatre grosses planètes éloignées du Soleil : Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune ; enfin trente-cinq petites planètes dans une position intermédiaire entre Mars et Jupiter. Il y a quelques jours encore, ce nombre n’était que de trente-deux ; mais grâce à la découverte de M. Chacornac de l’observatoire de Paris, à celle de M. Goldschmidt dans son atelier de peintre, aussi à Paris, et enfin à celle de M. Luther, à l’observatoire de Bilk, près de Düsseldorf, nous en comptons aujourd’hui trente-cinq.

Les questions que nous venons de poser ont été débattues de tout temps par les savans comme par les poètes : nous ne voulons résumer ni les théories des uns ni les rêves des autres. Nous arrivons tout de suite à une des plus célèbres cosmogonies, celle de Buffon, qui imagine de faire sortir la terre et les planètes de la substance même du soleil au moyen d’une comète qui, venant choquer cet astre, en aurait détaché une traînée de matière fondue, dont les diverses parties, se conglomérant par l’attraction newtonienne en sphères de matière liquide, seraient devenues les divers globes planétaires qui circulent autour du soleil. Il est heureux que le choc en question n’ait eu lieu qu’une fois, car autrement il y aurait plusieurs systèmes de planètes autour de notre soleil ; et tandis que toutes nos planètes tournent autour de l’astre central d’occident en orient, suivant