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LE


CHEVAL DE GUERRE




Lorsqu’en 1851 j’ai publié l’ouvrage intitulé : les Chevaux du Sahara, mon but a été d’appeler l’attention de mon pays sur le parti qu’il pouvait tirer de cette race, jusqu’ici peu connue, peu appréciée, sinon des hommes qui l’ont vue à l’œuvre en Afrique. Mon but était en outre de montrer les admirables qualités du cheval arabe, de prouver qu’aucun cheval n’est capable de supporter comme lui la faim, la soif, les fatigues, les intempéries, et par conséquent ne réunit à un degré égal les conditions qui doivent distinguer le cheval de guerre. Je ne m’attendais pas, au moment où j’écrivais cet ouvrage, qu’à quatre années de là une expérience décisive viendrait confirmer, aux yeux des plus prévenus, l’opinion que je proclamais, que je cherchais à répandre, parce que je la croyais utile à la France.

Cette opinion avait vu se produire, à côté de nombreuses sympathies, de très sérieuses contradictions. Observateur convaincu, j’ai dû chercher, — à la lumière de faits nouveaux, de l’expérience acquise pendant la guerre de Crimée, de renseignemens émanés des hommes les plus compétens, — à dégager définitivement la question de toutes les incertitudes qui pouvaient encore l’envelopper. Dans les circonstances présentes, cette recherche avait pour moi plus que de l’intérêt, je la considérais comme un devoir, car, si dans les temps ordinaires la France accorde son attention à l’élève des chevaux, aujourd’hui c’est pour elle une nécessité politique et militaire de premier ordre. Ces considérations m’ont déterminé à livrer sans plus tarder à la publicité les documens que j’ai recueillis à l’appui de l’opinion exposée pour la première fois dans les Chevaux du Sahara.