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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/782

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notamment les exostoses, les formes, la jarde, les varices et le aâdeur (la douleur)[1].

« La mère peut donner au produit la couleur de sa robe, sa ressemblance et quelque chose de sa structure : il faut bien que le poulain tienne, par certains côtés, de celle qui l’a si longtemps porté dans ses flancs ; mais c’est incontestablement l’étalon qui lui donne la force des os, la vigueur des nerfs, la solidité des tendons, la rapidité de la course, les qualités principales enfin. Il lui communique en outre ses facultés morales, et, s’il est véritablement noble, le préserve de tout vice.

« Nos pères ont dit : El aôud hôr mâ andouche heïla, le cheval noble n’a pas de malices.

« l’Arabe prête l’étalon gratuitement, il ne le loue jamais.

« Prêter un étalon pour de l’argent est à ses yeux l’action la plus ignoble et la plus contraire a la générosité qui le distingue, et pour laquelle il est si justement renommé. Bien que la loi le permette, l’usage interdit absolument ce commerce, et je n’en ai, pour mon compte, jamais vu d’exemple. Cependant si l’Arabe prête son étalon gratuitement, il ne le prête pas pour cela au premier venu et pour la première jument venue. Non ; le demandeur est souvent obligé d’employer l’intercession de gens inspirant le respect, ou même de ses femmes, s’il ne veut pas voir sa demande repoussée.

« D’un autre côté, les Arabes sont très difficiles sur le choix de l’étalon, et s’ils ne trouvent pas pour leurs jumens de race un étalon de sang pur, ils aiment mieux les laisser deux ou trois ans improductives que de les faire saillir par un cheval commun. Veulent-ils un bon étalon, ils n’hésitent pas à entreprendre les voyages les plus lointains.

« Il y a des Arabes qui ferment la vulve de leurs jumens au moyen d’une espèce de cadenas appelé takhise, afin d’en empêcher l’accouplement par surprise avec un cheval commun. Quand cet accident arrive dans les pâturages et qu’on en est instruit à temps, ils s’empressent d’introduire la main dans le fond du vagin, et le lavent avec une infusion de certaines drogues auxquelles ils attribuent la propriété d’anéantir les effets de la liqueur du mâle. Ces précautions, en même temps qu’elles démontrent l’importance qui s’attache à l’étalon, assurent la conservation des races à laquelle l’Arabe veille avec un soin aussi jaloux qu’au maintien de la pureté du sang dans sa propre famille.

« Ce qui précède vous a déjà indiqué ma conclusion : le père donne au produit plus que la mère.

  1. Maladie de la colonne vertébrale.