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et le Massachusetts. Pour les lignes en construction, les états qui en possèdent le plus se classent dans l’ordre suivant : l’Indiana, l’Ohio, l’Illinois, la Pensylvanie, l’Iowa et la Virginie.

La somme totale consacrée par les États-Unis, jusqu’au mois de janvier 1855, aux travaux des chemins de fer, est évaluée à 3 milliards 294 millions de francs. C’est l’état de New-York qui a engagé le plus fort capital dans ses railways. Un terme de vingt-cinq années aura suffi pour obtenir des résultats si considérables, car en 1830 l’Union ne possédait que 66 kilomètres de voies ferrées. Depuis cette époque, les efforts ont été ininterrompus. Déjà en 1835 on était arrivé à 1,477 kilomètres. Ce chiffre doubla dans les cinq années suivantes, puis à la fin de 1845 on touchait à 7,260 kilomètres, et cinq ans plus tard, en 1850, on atteignait un total de 11,834 kilomètres. L’activité a été si soutenue durant la dernière période quinquennale, que ce dernier nombre était triplé au 31 décembre 1854.

Déjà, dans la phase originelle de l’histoire des chemins de fer, nous avons pu indiquer combien ces ouvrages étaient moins coûteux en Amérique qu’en Europe, notamment qu’en Angleterre ou même en France. Les prix de revient diffèrent d’ailleurs assez notablement entre les divers états de l’Union. C’est dans le groupe de la Nouvelle-Angleterre qu’ils sont le plus élevés : la moyenne en est estimée là à 150,000 francs par kilomètre ; elle descend à 132,000 francs dans les autres états du nord, excepté dans la Pensylvanie, où des accidens de terrain plus sensibles et plus fréquens en font hausser un peu le chiffre. Dans de sud, moins peuplé que le nord, dans l’ouest, où les terrains sont à vil prix, où le bois des forêts séculaires ne coûte rien, la moyenne fléchit souvent de plus de moitié. On cite, comme exemple d’un extrême bon marché, le railway construit dans la Caroline du sud en 1833, et qui ne revenait, avec le matériel d’exploitation, qu’à 7 millions 132 mille francs pour une longueur de 220 kilomètres, c’est-à-dire à 32,000 francs environ par kilomètre. Les frais de terrassement ne s’élèvent pas beaucoup au-dessus de 3,000 francs par kilomètre dans les états de l’ouest ; mais à mesure que le flot incessant de la population émigrante déborde davantage sur la riche vallée du Mississipi, où dans un siècle l’on comptera peut-être cent millions d’hommes, on voit monter aussitôt les frais d’établissement des voies ferrées[1].

Le bas prix auquel s’effectuent les transports sur quelques lignes mérite aussi d’être signalé. En Amérique moins qu’en aucun autre pays, on ne doit méconnaître que le bon marché est une des conditions essentielles pour obtenir du nouveau mode de transport toutes les conséquences favorables qu’il porte en lui-même. Cependant les tarifs varient encore trop d’une compagnie à l’autre. S’ils descendent souvent au-dessous de deux cents par mille, c’est-à-dire à 6 centimes environ par kilomètre, ils montent parfois

  1. En 1852, le directeur du recensement officiel, M. Kennedy, estimait le capital engagé dans les chemins de fer exploités de toute la confédération à 1 milliard 858 millions 320 mille francs pour 17,401 kilomètres ; c’était 106,793 francs par kilomètre. Aucune évaluation ne lui paraissait possible pour les chemins en construction ; mais ils lui semblaient devoir coûter moins que les premiers, parce qu’ils sont principalement entrepris dans la zone méridionale et dans la zone occidentale.