Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avons plus à établir[1], se multiplient par des œufs et par des bourgeons fixes ou caduques. Nous reviendrons plus loin sur ces deux derniers modes de propagation. Disons ici que le premier seul est fondamental. Quant à la distinction entre les espèces ovipares et les espèces vivipares, bien qu’admise encore dans le langage scientifique, elle n’est en réalité que nominale. Baër en découvrant l’œuf des mammifères, M. Coste en démontrant que cet œuf possède les mêmes parties que l’œuf des oiseaux, avaient établi ce fait, qu’ont mis depuis hors de doute les recherches de plus en plus approfondies de ces deux naturalistes et les beaux travaux des physiologistes anglais et allemands, Barry, Bernhardt, Bischoff, Warthon Jones, Valentin, Wagner, etc. Les mammifères et l’homme lui-même proviennent, aussi bien que les oiseaux et les reptiles, de véritables œufs. D’un bout à l’autre du règne animal, la structure de ces derniers est très probablement identique dans ce qu’elle a d’essentiel, et dans les mammifères comme dans les rayonnes ou les vers, dans l’homme comme dans la hermelle ou la synapte, trois sphères emboîtées l’une dans l’autre et comprises dans une membrane transparente constituent le germe. À ces trois sphères peuvent se joindre des enveloppes variées, des couches accessoires pour les protéger ou aider à l’alimentation du nouvel être; mais toujours on retrouve dans la membrane vitelline le vitellus ou jaune enveloppant la vésicule germinative de Purkinje, qui renferme elle-même la tache germinative de Wagner.

Le rôle précis dévolu à chacune de ces sphères est loin d’être déterminé, mais il est au moins certain que le vitellus est surtout composé de matières organisâmes et nutritives. Chez certains ovipares, cette provision d’alimens est considérable : une faible partie suffit à la constitution du nouvel être, qui se nourrit et s’accroît aux dépens du reste. Le poisson, par exemple, sort de l’œuf complètement formé, mais portant encore à son ventre une large poche renfermant la plus grande partie du jaune, et celui-ci, lentement résorbé, lui permet de se passer de nourriture pendant plus d’un mois après l’éclosion. Chez tous les vivipares au contraire, le vitellus est fort petit. Il ne saurait suffire à l’embryon, qui doit tirer du dehors les

  1. Voyez sur ce point la Revue des Deux Mondes, livraison du 15 mars 1850.