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des actions est ainsi opposée à l’autre, et si l’on mesure la dilatation apparente dans le tube de verre, on obtient uniquement la différence des augmentations de volume individuellement éprouvées par le liquide et le vase. On est donc conduit à chercher un procédé différent pour mesurer la dilatation des liquides. Dulong et Petit le trouvèrent et l’appliqueront sûrement.

Que l’on se figure deux tubes de verre verticaux communiquant entre eux par un canal horizontal qui les réunit par le bas. Si l’on y verse du mercure, il s’établit dans les deux branches à la fois, il prend le même niveau dans les deux parties de l’instrument, et les deux colonnes de mercure, égales en hauteur, se tiennent mutuellement en équilibre. Mais il n’en sera plus ainsi, si, l’un des tubes contenant toujours du mercure, on verse dans l’autre un liquide plus léger, je veux dire moins dense ; la colonne la moins pesante prendra une longueur plus grande ; l’eau, par exemple, s’élèvera treize fois plus que le mercure, parce qu’elle pèse treize fois moins. Les principes posés, replaçons du mercure dans les deux parties de l’appareil ; seulement Chauffons l’une et refroidissons l’autre : nous dilatons le mercure dans l’un des côtés, ci ; qui le rend plus léger ; nous le contractons dans l’autre, ce qui le rend plus lourd, et nous observons alors entre les deux niveaux une différence de hauteur d’autant plus sensible, qu’ils ont été plus inégalement chauffés, et qui peut servir à calculer la dilatation. Cette méthode était neuve, elle était exacte, elle a donné des mesures extrêmement précises ; Dulong et Petit obtinrent en la pratiquant la dilatation que le mercure aurait éprouvée s’il avait pu être enfermé dans un vase indilatable. C’est ce que l’on nomme la dilatation absolue. On a trouvé que 5,550 litres de mercure à zéro s’augmentent d’un litre quand on élève leur température d’un degré.

Ce que l’on doit le plus remarquer dans les travaux que nous étudions, c’est la continuité, c’est l’enchaînement qui rattache le dernier résultat au premier fait observé. Pour d’autres expérimentateurs, la connaissance précise de la dilatation du mercure n’eût été peut-être qu’un élément isolé, n’ayant qu’une importance individuelle. Pour Dulong et Petit, elle devient une donnée capitale dont ils vont faire usage dans la recherche des dilatations de tous les corps qu’ils examineront. Ils remplissent en effet avec du mercure, et à la température de zéro degré, un tube de verre terminé en pointe fine, puis ils l’échauffent progressivement, et, comme on doit s’y attendre, ils voient progressivement sortir le mercure à mesure qu’il s’échauffe et se dilate. Seulement, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, le liquide sorti du tube n’exprime plus la dilatation absolue, puisque le vase s’est agrandi ; il mesure ce qu’on nomme la dilatation apparente, et la différence entre les deux dilatations représente