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condamner à ne présenter que des détails arides et des résultats sans intérêt, malgré leur extrême importance ; mais toutes les sciences ont leurs procédés généraux d’investigation, et lors même que les faits spéciaux qu’elles étudient n’attirent pas l’attention, la méthode qui conduit à les découvrir excite un intérêt philosophique d’une portée plus haute que la curiosité des faits. C’est à ce point de vue que nous allons nous placer pour analyser dans son ensemble le mémoire de Dulong et Petit sur le refroidissement, le voulant proposer comme modèle aux jeunes savans qui suivent la carrière des sciences précises, et comme exemple de la méthode expérimentale à ceux qui, sans la cultiver, étudient dans ses principes généraux la philosophie naturelle.

Il fallait, nous l’avons déjà dit, échauffer un corps et observer sa température pendant qu’il se refroidit. Le choix de la substance n’était pas indifférent : dans un boulet de fer rougi, par exemple, le centre conserve pendant longtemps une température très haute, et la surface arrive bientôt à l’équilibre avec l’air ; la distribution de la chaleur devient très inégale à l’intérieur, et le refroidissement se complique de la facilité plus ou moins grande avec laquelle la chaleur se répand du centre au contour extérieur. Ce n’est pas par ce cas complexe qu’il fallait commencer. Avec un vase plein de liquide, les choses deviennent plus simples : il se fait pendant le refroidissement des mouvemens intérieurs qui mêlent et confondent les couches inégalement échauffées, et donnent à la masse entière une température uniforme. Le cas réalisé par un liquide ollre donc une complication moins grande, c’est celui que l’on étudia.

Une idée ingénieuse compléta l’appareil. On aurait pu mesurer ces températures du liquide par un thermomètre indépendant plongé dans l’intérieur ; on aima mieux donner au vase la forme d’un gros thermomètre. On le remplissait de mercure ou du liquide quelconque que l’on voulait examiner, on le graduait en le comparant avec un thermomètre à air, et la position de la colonne du mercure dans le tube indiquait à chaque moment la température du liquide contenu dans le réservoir. Pendant tout le temps du refroidissement, le sommet du mercure s’abaissait d’une manière continue ; il était en mouvement comme un projectile lancé ou comme un corps qui tombe, il passait successivement vis-à-vis les degrés de l’échelle thermométrique et les parcourait avec une rapidité plus ou moins grande. On imagina alors d’exprimer la progression du refroidissement par la marche descendante de l’appareil, et l’on disait que la vitesse du refroidissement est égale à 1,2 ou 3 degrés, quand la température baisse de 1,2 ou 3 degrés pendant une minute.

Le problème que l’on voulait résoudre était de chercher la valeur exacte de la vitesse du refroidissement pour tous les thermomètres