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pas dans cette direction qu’il fallait chercher des lois simples ; il enrichit la science de résultats numériques nombreux, il continua de donner des modèles à suivre dans l’art de l’expérimentation ; mais il n’eut pas le bonheur de découvrir de nouvelles lois générales et simples, quoiqu’il eût fait tout ce qui était en lui pour les chercher. Ce qui nous reste à dire des travaux de Dulong va nous éloigner un peu du plan d’études qui a donné tant d’unité aux recherches précédentes ; mais les deux mémoires qu’il nous reste à analyser ont trop d’importance et trop d’intérêt pour que nous puissions les passer sous silence.

C’est un fait reconnu par les observations générales que les animaux se maintiennent à une température toujours plus élevée que celle des milieux dans lesquels ils vivent. Certains oiseaux atteignent dans nos climats plus de 43 degrés, l’homme en marque 37 ; les poissons eux-mêmes sont notablement plus chauds que l’eau qui les entoure, et comme toutes les substances tendent à se mettre en équilibre calorifique avec les objets qui les avoisinent, on verrait les corps organisés partager la température des milieux qui les contiennent, si une cause digne d’être étudiée ne reproduisait à chaque moment la chaleur qu’ils perdent par le rayonnement. On doit donc considérer les corps organisés comme des foyers en combustion perpétuelle, et rechercher dans les actions physiologiques qui s’accomplissent au milieu de leurs organes la source incessante de cette chaleur. Lavoisier devina la cause de ce phénomène et la formula ainsi. — Les animaux des ordres supérieurs qui vivent dans l’air possèdent, enfermé dans la cavité thoracique, un organe que l’on nomme, le poumon ; il s’ouvre dans l’arrière-bouche par un conduit en communication avec l’air extérieur. Ce conduit pénètre dans la poitrine, s’y bifurque et donne naissance à deux tubes, les bronches, lesquelles se divisent en rameaux de plus en plus nombreux et de plus en plus déliés comme les branches d’un arbre, et se terminent enfin à de petites cavités fermées en forme de sacs. Le jeu des muscles dilate et comprime alternativement la capacité de ces tubes, et l’air extérieur, amené et expulsé alternativement, se met en contact avec les parois de ces cavités aériennes et se renouvelle constamment. D’un autre côté, un tronc artériel, sortant de la cavité droite du cœur, se dirige en sens inverse, se divise comme la trachée-artère en canaux ramifiés, dont les derniers, extrêmement fins, entourent les conduits aériens, puis se réunissent peu à peu et retournent par un conduit unique à la partie gauche du cœur ; le sang les parcourt et se trouve ainsi, à travers le double tissu des artères et des voies aériennes, en contact.avec l’air amené de l’extérieur. Pendant que ces mouvemens s’accomplissent, une action chimique se développe : l’air possède en entrant une forte proportion d’oxygène et une quantité