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une foule de traités variés dans leur forme comme dans leur sujet. Le style, les opinions, la manière dépenser, y décèlent plusieurs mains différentes. Quelques-uns sont des notes à peine rédigées, d’autres sont des traités complets sur certaines parties de l’art médical. Il y a des recommandations sur la manière d’exercer la médecine, comme la loi et le serment, que l’on prononçait jusqu’au dernier siècle en recevant le bonnet de docteur, el que l’on récite, je crois, encore aujourd’hui à Montpellier, lorsqu’on a passé le dernier examen. Il y a aussi des éloges de la médecine au point de vue général, comme le traité de l’Art, des recueils de diagnostics ou d’indications comme le Prorrhétigue et le Pronostic, des descriptions de symptômes comme les Prénotions de l’os, des exposés de théories sur l’influence des climats, comme le remarquable traité des Airs, des Eaux et des Lieux, puis des recommandations sur le régime à suivre pour la maladie et la santé, des livres d’hygiène et des traités de pathologie, générale et particulière. Quelquefois même ce ne sont pas des livres, mais bien des discours destinés à être prononcés en public, et analogues pour la forme à la thèse de Lysias sur l’amour. Les Aphorismes sont une collection de formules empiriques, tantôt puériles, tantôt profondes. Enfin la collection renferme encore des traités particuliers sur les articulations, les fractures, les glandes, l’anatomie, etc., des livres destinés a mettre la médecine à la portée des gens du monde, des ouvrages métaphysiques sur la cause première des maladies, sur la création du monde et des êtres, etc. Et tout cela est tantôt vrai, tantôt faux, tantôt fondé sur des observations précises, tantôt hypothétique jusqu’à l’absurde. À côté par exemple d’un traité sur l’Ancienne médecine qui expose supérieurement ce qu’on a pensé sur l’art depuis son origine, et dont on pourrait aujourd’hui traduire et imprimer des pages entières pour caractériser la médecine toile qu’elle était il y a à peine un siècle, à côté, dis-je, d’un chef-d’œuvre, il y a des traités de physiologie générale où le primitif est mêlé singulièrement aux conjectures et à des hypothèses sur la formation primordiale des êtres plus absurdes encore que tout ce qu’on a dit depuis lors sur un sujet si ignoré et si fécond, à des opinions inintelligibles sur le chaud et le froid, le sec et l’humide, etc. Une dernière partie de la collection comprend des pièces plus évidemment apocryphes, la correspondance d’Hippocrate avec Artaxerce, le décret des Athéniens, le discours de Thessalus, etc.

Les anciens avaient une grande fécondité, cependant tous ces ouvrages ne peuvent avoir été composés par un seul homme. Ils annoncent une trop grande variété d’aptitudes et de talens. Les uns sont d’un observateur habile de la nature, les autres d’un philosophe spéculatif ; quelques-uns indiquent un médecin pratiquant, d’autres simplement