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et de la nature ; mais c’est une tolérance, on pourrait presque dire une généreuse infraction au testament.

Aux portes de Harlem s’élève un bois qui rivalise en agrément et en beauté avec celui de La Haye. Ces deux bois ont été touchés par la main de l’homme, mais avec cet art délicat et parfait qui respecte la nature en l’ornant. On n’imagine point, en été, de plus délicieuse promenade ; ces parcs où errent en demi-liberté des cerfs et des daims, ces îles peuplées par des cygnes, ces pièces d’eau sur lesquelles s’écroulent pour ainsi dire des masses de fraîche et opulente verdure, ces clairs-obscurs qu’interrompt tout à coup la lumière, ces silences troublés par la voix des oiseaux, tout cela tient de l’enchantement et du rêve. Quelques parties du bois de Harlem sont évidemment de plantation récente ; mais, dans les allées sombres, on rencontre des arbres au port superbe et centenaire, à l’allure vaillante, qui ont avec les arbres de La Haye un air de famille. Des naturalistes ont même cru que ces deux bois étaient les lambeaux d’une ancienne forêt, située autrefois à une assez grande distance de la mer, et qui avait été déchirée par les révolutions du sol.

C’est à l’entrée du bois de Harlem, dans une ancienne résidence royale dont on a fait un musée de tableaux, que la commission de géologie nationale a déposé le résultat de ses recherches. Ce musée des antiquités naturelles de la Hollande est encore à l’état embryonnaire : on y trouve pourtant des exemplaires curieux, — la tourbe à ses différens degrés de formation, les sédimens des rivières de la Hollande et des mers qui baignent les côtes, les variétés de couches trouvées dans les puits artésiens aux différentes profondeurs du forage, de nombreux fossiles du terrain tertiaire, les mêmes qui se retrouvent dans les environs de Paris, de Londres et de Bruxelles. La commission, composée de trois membres, MM. van Breda, président, Miquel et Staring, se propose de publier une carte géologique des Pays-Bas. À l’aide des documens recueillis, on peut déjà se former une idée de ce que sera cette carte. Sablonneuses ou argileuses dans les régions situées près de la mer, les terres de la Néerlande se transforment en craie du côté de l’Allemagne, et en faibles couches de houille du côté du Limbourg. Ces muets monumens de la nature demandent d’ailleurs à être interprétés par les vues de la commission et par l’histoire scientifique des faits.

On peut diviser en trois temps la formation du sol néerlandais sous l’action des eaux douces : — une période antérieure à l’existence du Rhin, — une autre période durant laquelle le fleuve s’est ouvert un passage vers la mer, — enfin une dernière période durant laquelle il a tracé la forme actuelle de la Hollande.

Avant la naissance du Rhin, la plus grande partie des Pays-Bas