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moyen des souscriptions de ses concitoyens, il achète des instrumens de prix et devient directeur d’un observatoire important. Une publication curieuse qui émanait de cet établissement a été discontinues.

Mais rien n’est comparable à l’entreprise actuelle de M. Gould, ce jeune astronome que nous avons déjà nommé, et qui, depuis plusieurs années, soutient à force de dévouement un excellent journal astronomique imprimé à Cambridge, qui ne fait qu’un avec Boston, l’Athènes scientifique et littéraire des États-Unis. Cette fois nous sommes dans le puissant état de New-York, dont la capitale légale est Albany, sur l’Hudson, vers le centre du pays, tandis que d’une extrémité il s’appuie sur les deux lacs entre lesquels se fait la chute du Niagara dont il possède une rive, et que de l’autre il touche l’Atlantique, c’est-à-dire le monde entier, par une ville de douze cent cinquante mille âmes, qui égalera Londres avant la fin de ce siècle, au moment où les États-Unis compteront cent millions de citoyens. Quelle perspective !

C’est au chef-lieu du New-York, à Albany, au milieu des états du nord, qu’il s’agit d’ériger un observatoire digne du New-York et de l’Amérique elle-même. M. Gould, fort de la science pratique qu’il a recueillie dans les observatoires de l’Europe et auprès des plus célèbres astronomes, se charge de venir encore une fois en Europe pour obtenir à grands frais les instrumens des meilleurs constructeurs, et son expérience lui suggère de nouveaux perfectionnemens qui doivent augmenter encore la précision déjà très grande de ces chefs-d’œuvre du génie mathématique. Non-seulement M. Gould accepte cette mission, mais il la conduit à bonne fin, et au mois d’août prochain l’inauguration du nouvel observatoire doit avoir lieu avec une partie des principaux instrumens. Ce seront des observations de choix sur des astres désignés par les besoins de l’astronomie, de la géographie et de la navigation. On verra dans cet observatoire, pour la première fois, une horloge soustraite aux variations brusques de la température et aux variations de pression de l’air. Partout des chronographes qui enregistreront le temps par une touche mue par la main, sans le secours de l’oreille, et un magnifique héliomètre, qui sera le troisième de cet ordre de grandeur, mais encore supérieur à ceux d’Oxford et de Kœnigsberg. Les autres instrumens seront de la même perfection, et la grandeur des lunettes permettra d’observer les petites planètes qui sont à peine suivies aujourd’hui, où la plupart des instrumens méridiens des observatoires anciens sont optiquement trop faibles pour atteindre ces petits astres. Au moyen de l’héliomètre, les étoiles doubles seront observées et les mesures micrométriques seront prises avec la dernière rigueur. Les petites étoiles utiles aux longitudes et aux latitudes seront déterminées de position. Enfin on n’admettra rien de médiocre dans les travaux de l’observatoire d’Albany.

L’observatoire d’Albany doit sa naissance et sa création aux efforts patriotiques de deux citoyens de cette ville, le docteur Armsby et M. Olcott. Ce ne sont pas des astronomes, chose singulière, mais seulement des amis de la gloire de leur pays ! L’observatoire est présentement sous le contrôle d’un comité d’agens directeurs, genre de direction en usage en Angleterre, où par exemple l’observatoire Radcliffe d’Oxford est sous le contrôle d’un comité