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cuter un, en réunissant au pied des Pyrénées les eaux de la Neste, pour les répandre, par un éventail de canaux, sur une immense étendue de pays. Ces projets si utiles ont été abandonnés, et ce ne sont pas les seuls. En voyageant dernièrement dans l’est de la France, je suis arrivé dans un chef-lieu de département au moment où les rivières débordées de toutes parts couvraient la plaine à perte de vue ; les regains, surpris dans les prés, étaient partout salis ou emportés ; une seule nuit de pluie avait suffi pour amener ces dévastations, l’eau monte quelquefois de plusieurs pieds dans l’intérieur de la ville. Un pareil spectacle est une honte pour un pays civilisé. Ces eaux, qui portent maintenant la ruine, porteraient la fertilité, si par un bon système de travaux les inondations régularisées servaient à des colmatages, comme en Italie. Ainsi le génie de l’homme peut faire contribuer les fléaux à l’exécution de ses volontés.

L’irrigation arrive à sa plus haute puissance quand elle sert à distribuer l’engrais en même temps que l’eau elle-même. On se rappelle peut-être ce que j’ai dit il y a deux ans du nouveau système d’arrosage par l’engrais liquide, qui commençait alors à s’essayer en Angleterre ; depuis, il a fait de grands progrès ; on ne l’applique plus seulement aux prairies, mais aux céréales, et partout il paie avec usure, comme disent les Anglais, les frais qu’il exige. Le voici même qui commence à prendre une extension gigantesque par la distribution des égouts des villes dans les campagnes. Jusqu’ici, les Anglais avaient fait peu d’usage de cette espèce de fumure qu’on appelle par euphémie l’engrais humain ; on sait cependant, par l’exemple des Flamands, combien elle a de puissance. Sans adopter tout à fait la théorie de M. Pierre Leroux, baptisée du nom par trop significatif de circulus, on doit reconnaître que les déjections de l’homme, pour appeler les choses par leur nom, peuvent très utilement contribuer à assurer sa subsistance. Ce que des villes comme Londres et Paris peuvent fournir d’engrais est énorme, et la plus grande partie se perd dans les rivières, non sans avoir préalablement infecté l’air de miasmes délétères. Assainissement des villes, fertilisation des campagnes, telle est la devise du nouveau système, qui consiste à emporter les immondices par des courans d’eau souterrains pour les répandre au dehors, et qui commence à être appliqué en grand, soit à Londres, soit sur d’autres points de l’Angleterre.

M. Bazin, directeur de la ferme-école du Mesnil-Saint-Firmin (Oise), a eu l’heureuse idée d’exposer une collection des insectes nuisibles aux plantes cultivées. C’est en effet une des branches principales de la zoologie appliquée à l’agriculture que l’étude de ces petits animaux et des moyens de les détruire. La nature est aussi féconde pour la mort que pour la vie ; chaque plante utile a ses