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sur les résultats du concours et en indiquant la part qu’y ont prise les diverses industries dans ce qu’elles ont d’essentiel et de fondamental.


I

Dans cet examen, l’ordre de la production appelle d’abord les industries qui sont l’origine et la source des autres, c’est-à-dire les matières premières, soit naturelles, soit appropriées par un travail rudimentaire. Les produits du sol, des mines, des usines métallurgiques sont dans ce cas. Au sujet des produits du sol, il reste peu de chose à apprendre aux lecteurs de ce recueil ; un écrivain très expert en a parlé avec l’autorité qui s’attache à son nom et la sûreté de jugement qu’il apporte en toute chose. Les produits des mines, si on voulait entrer dans les détails, seraient une étude où les élémens d’intérêt ne manqueraient pas. On a pu s’en former une idée par le curieux modèle qu’a exposé la société d’Anzin, où, à côté de la puissance des couches, sont représentés les travaux d’extraction avec des ouvriers et des chariots en miniature, des galeries souterraines, des treuils mécaniques et des bennes qui élèvent la houille jusqu’à l’orifice des puits. Il est peu de visiteurs qui ne se soient arrêtés devant ce tableau, qui résume la vie et l’industrie de tant d’ouvriers utiles et courageux. Que de fatigues et de périls ! C’est pourtant là qu’ils passent leurs journées soutenant de leur mieux le terrain sur lequel ils opèrent afin de se préserver de ses éboulemens, à demi couchés dans ces antres qu’ils creusent et où une étincelle peut amener une explosion, parfois surpris par des inondations ou par des gaz délétères, isolés presque toujours, et n’ayant pour se distraire ni la compagnie des leurs ni même la vue du soleil. Dure condition, et avec quelle patience exemplaire ils s’y résignent ! A l’honneur des entrepreneurs, il faut dire qu’ils n’ont rien épargné pour leur rendre le travail plus facile et conjurer les dangers dont ils sont menacés. Plusieurs appareils exposés témoignent de cette préoccupation. Ainsi, dans la descente et l’ascension des bennes qui servent à la fois à la houille et aux mineurs, la rupture des câbles amenait souvent des accidens ; les mines de Decize ont imaginé un système qui les rend impossibles. De son côté, M. Varocqué de Mariemont a su établir, entre les bennes qui descendent et celles qui remontent, des communications ingénieuses qui permettent de passer d’un train à l’autre sans aucune espèce d’inconvénient. L’aérage et l’éclairage des mines n’ont pas été négligés ; la lampe de Davy et les machines soufflantes ont reçu des perfectionnemens nombreux. Rien n’honore plus l’art et la science que ce souci de la vie et du sort des hommes.