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C’est vraiment une révolution et des plus caractéristiques. Partout les machines oscillantes et les machines verticales à balancier sont en retraite ; les machines horizontales les ont remplacées. On a pu comparer, on a pu voir quels étaient les inconvéniens des unes, les avantages des autres. Les machines oscillantes ne fournissaient qu’un travail irrégulier, compromis par des fuites de vapeur, des réparations fréquentes, des lésions continues dans les organes de la distribution ; les machines horizontales ont amené un travail plus suivi, plus sûr, moins dispendieux. La cause parait donc gagnée, et les constructeurs portent désormais leurs préférences et leurs efforts de ce côté. Au nombre des plus habiles, il faut citer M. Farcot, qui a su tirer parti de la condensation et de la détente, et diminuer la dépense du combustible. Son exposition ne se composait que d’un seul modèle, une machine de la force de 50 chevaux, mais d’un travail si heureux et si bien entendu qu’il a valu à l’auteur une récompense de premier ordre. La maison Cail n’est pas demeurée en arrière ; elle avait deux machines fixes de fabrication courante, exécutées avec le soin qu’on trouve dans ses ateliers. Dans les prix réduits, on remarquait une petite machine fixe construite à Christiania, et qui ne coûte que 1,375 francs, et pour la puissance de l’effet une machine de MM. Barrett, mettant en jeu une pompe gigantesque. À côté du succès des machines horizontales, il y en a un autre qu’il importe de constater, celui des machines à grande vitesse. M. Flaud est entré avec le plus de résolution dans cette voie du mouvement accéléré. Sans doute la grande vitesse a des inconvéniens, par exemple l’usure plus rapide des organes et une plus grande consommation de combustible ; mais des avantages au moins équivalens y sont attachés, comme la simplification, l’économie des frais de construction et d’installation. M. Flaud est allé aussi loin que possible en ce genre ; il fait les machines les plus simples du monde, les réduit au volume le plus restreint et descend presque à l’unité pour le degré de puissance. Il peut fabriquer ainsi des appareils de 2 chevaux de force, ne coûtant que 1,500 francs, y compris la chaudière, et faciles à installer dans le plus petit atelier. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, et à l’exposition on a pu voir un petit cheval de force réunissant, dans une longueur de 70 centimètres et une largeur de 20 centimètres, le cylindre à vapeur et le corps de pompe, le tout ne pesant que 70 kilogrammes. Près de ces pygmées de la vapeur, il n’était pas sans intérêt de retrouver des appareils destinés à la grande navigation, et surtout l’arbre de couche de l’Eylau. D’autres machines, destinées aux bateaux du Danube, de la Loire et de l’Èbre, complétaient ce contraste. Là encore il y a tendance visible à augmenter la puissance, et déjà les bateaux du Rhône, qui employaient soixante et douze