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est parvenu, assurent les juges, à discipliner cet instrument rebelle, et cela au point de rendre infaillible la justesse de ses intonations. C’est un succès dont les oreilles délicates lui sauront gré. Quant au violon, c’est de M. Vuillaume qu’il relève. M. Vuillaume a retrouvé, à ce qu’il semble, les procédés des anciens luthiers, et traite les instrumens à cordes à la manière des vieux maîtres italiens. N’oublions pas M. Cavaillié-Col, un des meilleurs organistes que nous ayons, et auquel l’orgue est redevable de nombreux perfectionnemens.


III

Il ne me reste plus qu’un devoir à remplir, et malgré la longue course que j’ai fournie je n’y manquerai pas. Non loin de ces galeries brillantes, on en avait ouvert une autre, beaucoup plus modeste, sous le nom de galerie de l’économie domestique. Il y avait là le germe d’une bonne pensée et d’une bonne action ; malheureusement on ne s’y est pas pris assez tôt, et il est à craindre que l’intention seule en survive. Il s’agissait d’une collection de produits qui, dégagée du superflu, se bornerait au strict nécessaire, c’est-à-dire, — en copiant les termes mêmes du programme, — à tout ce qui sert à l’aliment, au vêtement, au logement et à l’ameublement C’était assez pour que la grande partie des industries y entrât en réduisant ses prétentions et en ne produisant que ce qu’elle avait de plus simple et de plus usuel. Aucune n’en était exclue, à deux conditions toutefois : la première, c’est que les prix fussent sincèrement déclarés ; la seconde, c’est que le rabais ne couvrit pas des défectuosités intrinsèques. Le bon marché, en effet, n’est pas un terme absolu, il doit correspondre à la qualité, à la destination et à l’emploi des choses ; il doit être le bon marché dans toute l’acception du mot, une réalité et non un leurre.

Voilà sous l’empire de quel sentiment fut ouverte la galerie d’économie domestique. Il va sans dire que toutes les marchandises, sans acception de nationalité, y avaient accès ; c’était là l’objet sérieux de l’expérience. Ainsi comprise, elle fournissait les moyens de comparer les ressources de l’étranger et les nôtres dans la sphère des consommations habituelles, les élémens de la vie chez lui et chez nous, d’établir en un mot le budget de l’individu en France et au-debors. Bien des illusions règnent sur ce sujet, et il était bon de les dissiper. On s’imagine en effet que le chiffre du salaire ou du revenu suffit pour évaluer avec justesse la somme des besoins satisfaits : c’est une erreur. Les chiffres du revenu ou du salaire ne sont que l’un des termes de cette appréciation, la recette ; l’autre terme, c’est la dépense, et tous