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latin de l’Ane d’or, habita longtemps OEta, où il épousa une riche veuve appelée Pudentilla, ce qui lui attira un procès dont son Apologie a fait passer l’histoire à la postérité.

Au sud de la Méchiah et à une petite lieue de Tripoli règne une vaste plaine de sable qui donne une idée fort exacte des déserts de l’intérieur de l’Afrique, mais que le voyageur qui se rend au Gharian traverse en quelques heures de marche. Au-delà de ce pays aride, entre lui et les montagnes, campe la tribu des Djouari, divisée en deux fractions, les Akara et les Requiat. A l’ouest de ceux-ci, on trouve les Ourchifana, dans la plaine de Djefara. Viennent ensuite les Sian, puis les Noaïl, tribu turbulente sans cesse en hostilité avec les Arabes de la frontière tunisienne, ce qui amène souvent des sujets de discussions assez aigres entre les Turcs de Tripoli et le gouvernement de Tunis. En revenant de cette frontière sur Tripoli par le littoral, on rencontre successivement les salines de Bréga, qui furent très fréquentées par les Vénitiens, les petites villes ou bourgs de Zouarah, Zouaghah, Zaouiah et Zarzour. Zouaghah est aussi appelé le vieux Tripoli, parce que c’est auprès de cette localité que l’on trouve les ruines de Sabrata; celles de Leptis-Major sont dans la localité appelée Lebda, à une quinzaine de lieues à l’est de Tripoli : elles sont fort considérables. Leptis-Major fut la patrie de l’empereur Septime-Sévère, qui contribua sans doute à l’embellir. Il paraît qu’avant lui cette ville était fort barbare, et que le latin y était à peine parlé, car sa sœur, qu’il fit venir à Rome après son avènement, l’estropiait si bien, qu’il la renvoya dans sa province parce qu’elle lui faisait honte. Quant à lui, il ne manquait pas de littérature; il pariait éloquemment le latin et avait complètement oublié le patois punique, ce qui lui rendit sans doute plus insupportable le jargon de sa sœur.

Entre Tripoli et Lebda, mais beaucoup plus près de Tripoli, on trouve la petite ville de Tadjoura sur les bords d’un lac et dans un canton très giboyeux. A l’est de Lebda est celle de Slitin. Tout ce littoral porte le nom générique de sahel, que la géographie algérienne nous a rendu familier. A quelque distance au-delà de Slitin commence l’important district de Mezurate, très riche en céréales et en huile, et dont la localité principale est la petite ville de Ksar-Ahmed. Toute la partie du pays située à l’est de Tadjoura forme sous l’administration actuelle un liva ou sandjak[1] dont le chef-lieu est le château de Khoms, résidence du kaïmacan.

Pour avoir une idée complète du territoire tripolitain, il faut maintint traverser le vaste plateau pierreux qui couronne les

  1. Subdivision de l’eyalet ou gouvernement général.