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informations dont on aurait le plus besoin. Mais que la commission soit chargée à titre général de la collection et de la publication de la statistique, voilà ce qu’il est difficile d’admettre, et il suffit de rappeler le principe en vertu duquel la rédaction de la statistique doit être confiée à ceux qui connaissent et appliquent les lois qui régissent chaque ordre de faits économiques ou sociaux. Il est nécessaire d’insister sur ce principe, parce que le système que l’on préconise dans l’intérêt d’une prétendue centralisation aurait pour résultat inévitable, non-seulement de multiplier les chiffres et les tableaux inutiles, mais encore d’accroître singulièrement les chances d’erreur, et par conséquent de discréditer complètement la statistique. Au lieu d’administrateurs qui informent le public et se tiennent eux-mêmes au courant des faits qu’il leur appartient d’apprécier et de comparer, on n’aurait que des statisticiens uniquement préoccupés d’aligner des totaux et de produire des moyennes, sans examen, sans critique. Pour la France, où toutes les administrations sont fortement organisées, il est désirable que chaque service demeure seul chargé du soin de publier les résultats qu’il constate. Peut-être la publicité devrait-elle être plus régulière et comprendre un plus grand nombre d’objets. À une époque où tant d’esprits éclairés concourent avec les fonctionnaires à l’étude et à la solution des problèmes si complexes qui intéressent la situation économique du pays, il y a tout avantage à mettre à la disposition de chacun les informations administratives; mais, sauf cette observation, les statistiques faites en France par les départemens ministériels sont évidemment beaucoup plus exactes qu’elles ne le seraient si les chiffres qui en forment les élémens étaient livrés à la merci d’une commission centrale, et l’exposé des motifs du décret du 1er juillet 1852, qui a organisé des commissions permanentes de statistique par canton, n’a point entendu modifier sur ce point le régime en vigueur.

Il serait trop long de passer en revue les nombreuses matières qui, à Bruxelles et à Paris, ont été soumises à l’examen du congrès international[1]. Les statistiques relatives au recensement de la population, à l’industrie, au commerce, à l’agriculture, aux établissemens pénitentiaires, aux institutions de bienfaisance, aux épidémies, etc., en un mot presque toutes les statistiques ont été tour à tour étudiées, et l’on a proposé des modèles, des

  1. Voici l’énumération des questions qui ont été examinées par le congrès : — statistique des voies de communication; rapporteur, M. de Franqueville (France). — Établissemens pénitentiaires; rapporteur, M. Paul Bucquet (France). — Commerce extérieur; rapporteur, M. Fleury (France). — Accidens dans les mines et sur les voies de communication; rapporteur, M. de Boureuille (France). — Accidens dans les usines et manufactures; rapporteur, M. Achille Penot (France). — Épidémies; rapporteur, M. Tholozan (France). —Nosologie des décès; rapporteur, M. Marc d’Espine (Genève). — Aliénation mentale; rapporteur, M. Parchappe (France). — Établissemens de prévoyance ; rapporteur, M. Julien France). — Idiotie et crétinisme; rapporteur, M. Boudin (France). — Statistique agricole; rapporteur, M. Maurice Block (France). — Statistique des grandes villes; rapporteur, M. le baron Ch. Dupin (France). — Statistique judiciaire et civile; rapporteur, M. Bayle-Mouillard (France). — Vœu pour la création de commissions centrales de statistique dans chaque pays; rapporteur, M. le baron de Czœrnig (Autriche).
    Ces rapports doivent être publiés; les procès-verbaux des séances du congrès ont été insérés au Moniteur (n° des 11, 13, 14, 15 et 16 septembre 1855).