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avocat, qui ne relève d’aucun ministre, mais qui siège au parlement et suit ordinairement le sort du cabinet qui a conseillé à la couronne sa nomination.

Vient ensuite un corps spécial, nullement militaire, qu’on nomme le commissariat, et que le duc de Wellington définissait en lui donnant pour attribution le soin des estomacs des hommes et des chevaux. C’est à quelques égards l’équivalent de notre intendance militaire; seulement ce service est une branche de la trésorerie. Avec les dépenses de l’approvisionnement, le commissariat est chargé de faire les fonds de l’armée, et il lui sert dans certains cas de caissier et de banquier.

La paie ne le regarde pourtant pas, c’est l’affaire d’un payeur-général qui, depuis quelques années, réunit à la solde des troupes la solde de la marine. Autrefois ce poste était singulièrement lucratif, et les hommes les plus considérables, le premier Pitt, le premier Fox, Burke enfin, ne l’ont pas dédaigné. Comme le payeur-général n’agissait que sur ordonnancement du secrétaire de la guerre, son autorité était petite, mais fort peu contrôlée, et ce titre a donné souvent, il donne aujourd’hui encore à celui qui en est revêtu l’entrée dans le cabinet.

Il y a enfin un département médical de l’armée; le surintendant qui le dirige dispose de toutes les nominations. Responsable au commandant en chef de la discipline de ses chirurgiens, il l’était au secrétaire de la dépense des hôpitaux.

Voilà de compte fait six autorités, qui toutes ont la force armée pour objet, et qui ne sont point subordonnées entre elles ni soumises à une autorité centrale. Il n’en est aucune, excepté le commissariat, qui dans sa sphère ne puisse prendre un grand nombre de décisions avec une complète indépendance et sans qu’un ministre en réponde, le secrétaire de la guerre n’étant ministre qu’accidentellement. Ce fait n’est pas unique dans l’administration anglaise. Le ministère ne centralise pas la direction de toutes les autorités secondaires, à moins qu’un bill spécial ne les ait placées sous les ordres d’un de ses membres. Ce qu’on appelle un bureau (board, administration collective) n’est officiellement dans la dépendance gouvernementale que lorsque c’est un comité comme celui du commerce ou des Indes, présidé par un ministre; mais à défaut du lien de la subordination légale, le lien de l’amitié politique ou des engagemens de parti maintient l’unité nécessaire. Tel fonctionnaire ne relève point des ministres; seulement il entre aux affaires et il en sort avec eux : cela suffit.

Quoi qu’il en soit, à cette administration militaire avec ses cinq ou six têtes on superposa, sous le ministère de lord Aberdeen, un secrétaire d’état de la guerre, et le duc de Newcastle regretta qu’on