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bien séparer ce qui est parlementaire ou politique de ce qui ne l’est pas. Le ministre est responsable du tout; il faut donc que, pour la seconde moitié, il soit aidé ou suppléé par un officier sûr. Il est vrai que lorsque les partis n’ont point d’intérêt dans une affaire; la responsabilité est purement nominale : il faut un scandale pour qu’elle devienne réelle; mais, ignorée même du public, une décision ministérielle a en soi les caractères essentiels d’un jugement. Elle doit donc être précédée d’une exacte information, puis dûment motivée, et telle que l’autorité supérieure soit toujours en mesure d’en rendre compte. De là l’importance du sous-secrétaire d’état permanent. Elle n’est pas inférieure à celle de l’autre sous-secrétaire d’état, celui que le flux et le reflux de la politique apportent et remportent. Tandis que l’un a bien assez à faire de maintenir l’action constante et régulière de l’administration, l’autre, comme le ministre, n’a d’yeux que pour les ordres du jour du parlement. Il reste pourtant bien des choses utiles à concevoir ou à exécuter, qui, n’étant ni consacrées par les précédens ni demandées par les chambres, sont négligées. Un ministre parlementaire n’aime pas à se créer plus d’affaires qu’il n’en a. Il devrait donc avoir un ou deux secrétaires d’état de plus, qui penseraient pour lui en quelque sorte, et lui suggéreraient ces mesures par lesquelles un homme d’état laisse sa trace personnelle dans l’administration. Il n’y a plus au-delà que le secrétaire privé (chef du cabinet du ministre), qui, selon l’auteur, ne devrait pas être pris exclusivement dans le cercle de l’intimité, et les clercs ou commis. Ceux-ci sont choisis et employés trop indistinctement, et M. Taylor pense qu’il y a dans leur travail une part de besogne toute matérielle qu’on pourrait avec avantage livrer à des copistes payés à la tâche. Quelques scribes seulement pour les choses secrètes seraient traités en fonctionnaires. Resterait la partie intellectuelle du travail des bureaux, et pour laquelle il faudrait des clercs mieux choisis et mieux traités. On pourrait les demander aux chefs des grandes écoles, à la littérature périodique, aux sociétés ou clubs de discussion. A la trésorerie, on les examine avant de les admettre; aux colonies, on les prend à l’essai, et nul ne devient titulaire qu’après une épreuve d’un an. Il faudrait combiner ces deux systèmes, et soutenir le zèle et l’émulation, d’abord par une rétribution plus forte et progressive, puis par un avancement dont le mérite fût la règle au moins autant que l’ancienneté. On verra que ces idées défraient aujourd’hui toute la discussion, et il semble que M. Taylor la prévît, lorsqu’il disait à la fin de son livre qu’il ne soutenait point, avec Pope, que « le meilleur gouvernement fût le mieux administré, » mais qu’enfin les questions de gouvernement n’étaient en général que des questions de forme, et qu’un temps pouvait venir où elles