Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’indiquent pas une entière confiance, mais qui concluent raisonnablement sur la guerre d’Orient. L’article saillant est dans le numéro suivant ; il a pour titre : le Déclin du gouvernement de parti. L’auteur, qui est tout au moins inspiré par M. Greg, se félicite de voir peu à peu passer de mode cet antagonisme systématique et ces victoires alternatives des grandes associations mises en présence par la révolution de 1688. L’histoire, plus que leurs convictions, expliquait leurs luttes constantes. Des ambitions de famille, des intérêts héréditaires étaient pour, autant dans le débat que les opinions politiques. Cependant à mesure que le pays s’est éclairé, que la sphère des électeurs et du public s’est agrandie, l’utilité générale a été mieux comprise, plus consultée, et l’on a reconnu combien de moyens d’attaque ou de défense, combien de garanties, de restrictions bonnes pour protéger les partis contre la couronne ou les uns contre les autres, avaient cessé de servir le moins du monde au bien commun. On s’est lassé de cette éternelle partie d’échecs parlementaire. On a cherché avant tout des résultats, et c’est la société qui est devenue le grand et véritable parti. La conclusion est que le chef du gouvernement, le premier ministre, doit représenter plus complètement l’état et moins exclusivement ses amis, et qu’exerçant le vrai pouvoir royal, il doit être peu à peu délivré de toutes les misérables sujétions qui entravent sa marche. Tel voulait être Peel, un législateur véritable. Il est tombé, parce que le temps n’était pas venu de gouverner sans parti. Il n’est pas venu encore, et l’on est encore loin du terme ; mais on y marche, les partis déclinent. C’est une révolution lente, et, pour la préparer, « il faut faire des millions d’Anglais propres à être bien gouvernés ; » car les lumières et les sentimens d’un peuple sont, plus que des artifices ou des routines constitutionnelles, les garanties de sa liberté.

Il faut se borner dans cette analyse de publications monotones et innombrables. Quelque effort que l’on ait fait pour donner par des considérations accessoires, par des vues d’avenir, plus de relief et de grandeur à la réforme administrative, on n’a pas réussi à traduire en vœu positif, en question actuelle, autre chose que ceci : quelle qu’en soit la cause, négligence ou faiblesse, empire de l’habitude, exigence des partis, ahus du patronage, prétention de l’aristocratie, influence des électeurs, l’administration n’est pas excellente, et cela tient au personnel des bureaux. De meilleurs choix, une condition plus élevée, un système d’avancement qui stimule le zèle et récompense le mérite, voilà ce que tout le monde veut. Entre les partisans et les adversaires de la réforme, je ne vois guère que deux différences : c’est que les seconds regardent comme une utopie un système combiné de promotions par mérite et par ancienneté qui n’ouvre pas la porte à l’arbitraire, c’est-à-dire à la partialité, et répugnent à régler