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L’ASIE-MINEURE


D’APRÈS UN VOYAGEUR RUSSE.





Asie-Mineure. Description physique, statistique et archéologique de cette contrée par M. P. de Tchihatchef ; première partie, Géographie physique comparée.[1]





De toutes les provinces de l’empire ottoman, il n’en est aucune qui offre à la science un champ plus fécond d’études neuves et intéressantes, à la poésie et à l’art une source plus abondante d’inspirations que l’Asie-Mineure. Sur ce sol classique, le voyageur ne saurait faire un pas sans être en présence de tout ce qui peut provoquer la méditation et l’étude, agrandir ou charmer l’imagination. Les ruines qu’y a faites l’action du temps ou la main des barbares, et à côté des œuvres de l’homme, presque effacées, les monumens indestructibles de la nature, tout, jusqu’aux noms altérés, mais encore reconnaissables, de ces anciennes cités disparues sans laisser de trace, tout nous rappelle — ici un mythe ou une légende célèbre, là un fait historique mémorable, ailleurs (et en combien de lieux différens!) l’existence d’un foyer actif de civilisation, d’un centre de prospérité commerciale et d’opulence. Dès l’époque la plus reculée, dans l’âge héroïque, les côtes septentrionales de l’Asie-Mineure sont visitées par les Argonautes, marchant vers la Colchide, à la conquête de la toison d’or. Les plaines de la Troade voient les Grecs et les Troyens se livrer pendant dix ans ces combats immortalisés par le plus grand des poètes, le chantre d’Ilion, dont l’Asie-Mineure se glorifie d’avoir été le berceau. Dans les temps historiques, un tableau aussi varié qu’émouvant se déroule à nos yeux sur cette même scène. Dans la Lydie, la dynastie des Mermnades, inaugurée par la merveilleuse et dramatique

  1. Librairie de Gide, rue Bonaparte, 5.