Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/655

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un oxyde de strontium, l’alumine un oxyde d’aluminium, etc. Tous furent peu à peu isolés ; on leur conserva le nom de métaux, et le nombre de ces corps devint par degrés considérable. En 1813, on en connaissait trente-huit, dont quelques-uns, comme l’aluminium, le magnésium, le silicium, etc., étaient admis par analogie. Aujourd’hui les traités de chimie en mentionnent quarante-sept. Il est bien entendu d’ailleurs que personne ne croit ce chiffre exact. Il est probable que ce sont là des corps simples pour nous, mais que des découvertes nouvelles changeront nos idées. Tous ces métaux ont été divisés en classes par M. Thénard, qui a donné, au commencement de ce siècle, le premier ouvrage un peu complet sur la chimie. Cette division permet de retenir sans peine leurs propriétés. Les catégories établies par M. Thénard reposent sur une propriété des métaux que nous avons déjà signalée, celle de se combiner à l’oxygène. Il est évident que cette combinaison se fait plus facilement pour certains métaux que pour d’autres, ou en d’autres termes que tous les métaux n’ont pas pour ce gaz la même affinité, qu’ils ne sont pas tous, comme disent très bien les chimistes d’une manière figurée, également avides d’oxygène, et réciproquement que leurs oxydes sont plus ou moins difficilement décomposables ou réductibles. Tandis en effet que pour décomposer la potasse ou l’oxyde de potassium, il faut une très forte pile ou un corps facilement oxygénable et la chaleur blanche, l’oxyde d’argent se décompose à une température peu élevée, et la seule lumière, même les pâles rayons de la lune, suffisent à réduire le composé d’oxygène et d’or. Réciproquement il est clair qu’il doit être plus facile d’oxyder le potassium ou le sodium que l’or et l’argent. C’est ce qui arrive en effet. Tandis que le potassium s’empare violemment de l’oxygène de l’air, même à la température ordinaire, et, jeté dans l’eau, en dégage subitement l’hydrogène, l’oxyde d’or est difficile à obtenir, et ne peut être préparé qu’à l’aide d’opérations compliquées. L’or et l’oxygène n’ont aucune affinité l’un pour l’autre, et ne peuvent s’allier directement. Entre ces extrêmes se placent les autres métaux, qui s’oxydent lentement ou rapidement, à la température ordinaire ou à la chaleur rouge, dans l’air ou dans l’eau, et leurs oxydes sont réductibles soit par la lumière, soit par l’électricité, soit par la chaleur ou par des réactions que la chimie indique. M. Thénard, d’après ces caractères, a divisé les métaux en cinq catégories, et ces catégories ont pu être dressées, même lorsque quelques métaux, n’étaient connus que par leurs oxydes, car la difficulté de la réduction devait correspondre nécessairement à une avidité fort grande du métal pur pour l’oxygène. Le bon sens, l’expérience et les lois de la chimie le voulaient ainsi.

L’aluminium était destiné à faire exception à toutes nos idées conçues a priori. Dans les travaux publiés au commencement du siècle,