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UN


ROMAN POLITIQUE


SUR L’ITALIE





Doctor Antonio, a tale, by the author of Lorenzo Benoni; Paris, Galignani 1855.





Celui qui a dit le premier qu’il était impossible à un peuple chrétien de mourir entièrement a exprimé non-seulement une grande, mais une consolante vérité historique. Il est consolant, en effet, de penser que le dogme de la résurrection n’est pas uniquement un dogme religieux, mais un fait pratique vérifié par l’expérience, qu’un peuple mis au tombeau n’est point un Lazare que la parole d’un Dieu seul pourrait ranimer, mais qu’enseveli comme ce Dieu lui-même, il ressuscitera le troisième jour. Il est consolant de penser que, chez les peuples de la moderne Europe, il n’y a point de défaite irréparable, mais simplement des vicissitudes de fortune; point d’anéantissement, mais des maladies qui durent parfois des siècles et qui font condamner le malade par de longues générations successives auxquelles il survit, et sur les cendres desquelles un beau jour il danse bruyamment ses farandoles de triomphe et fait passer ses chariots de guerre. L’Italie est la preuve de cette vérité. Condamnée, tenue pour morte, elle se réveille de loin en loin pour affirmer qu’elle ne consent pas à mourir. A mesure que le temps marche, ces preuves de vitalité deviennent de plus en plus nombreuses et se succèdent plus rapidement. Il est même à remarquer que ces mouvemens perdent de leur caractère convulsif et