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LE
MARQUIS DES SAFFRAS


SCÈNES DE LA VIE COMTADINE


IV[1]

LA SAINT-ANTONIN.

.


I.

Lorsque le maire Tirart fut informé de la visite de Lucien à la Pioline et de la rupture qui en était la suite, il courut chez le lieutenant Cazalis pour tout renouer, et de son chef il présenta les excuses les plus gracieuses, au nom de son neveu, comme si le refus venait de lui seul. — Mon Lucien s’est délié comme un étourdi, dit-il en finissant. Ô mademoiselle Blandine, vous qui êtes si raisonnable, comment avez-vous pu le prendre au mot ? Il en sera au désespoir, j’en suis sûr. Laissez-moi faire, et je vous le ramène avant deux jours.

La tante sentait bouillonner toutes ses colères ; elle allait faire un éclat, et M. Cazalis se hâta de congédier le maire. — Partez, partez au plus vite, dit-il en poussant Tirart sur le chemin ; ma sœur n’est pas dans ses bons jours. Il ne faut pas la brusquer en public ; mais quand nous sommes seuls, je fais d’elle ce que je veux. Au revoir, et ramenez-nous votre neveu dans deux ou trois semaines ; d’ici là

  1. Voyez les livraisons du 1er  et du 15 octobre, et du 1er  novembre.