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articles ; ils y mettent un amour-propre national parfaitement justifié. Il n’y a rien de supérieur aux fromages de Glocester et aux jambons du Yorkshire, et il suffit, pour juger de leur quantité, de voir une de ces boutiques anglaises de comestibles où ils forment de véritables montagnes qui font tressaillir d’aise les passans. Le reste de leur bétail est figuré par des têtes de bœufs suspendues le long des murs et appartenant aux principales races de l’Angleterre et de l’Écosse, les courtes cornes, les hereford, les angus, et par des peintures représentant des moutons comme on n’en aurait jamais cru de possibles, si l’on n’avait vu cette année même les modèles en chair et tu os à l’exposition des animaux reproducteurs. Je m’étonne qu’ils n’y aient pas joint la représentation de quelque colossal roast-beef ou de quelque moitié de mouton rôti comme il en paraît sur leurs tables aristocratiques, et notamment sur celle de la reine, aux fêtes de Noël. Ainsi dans l’Iliade antique on mesure l’importance des chefs à l’énormité des parts qu’ils se taillent dans des bœufs qu’ils dépècent eux-mêmes tout entiers.

Une collection complète de leurs laines permet de s’assurer que, si les Anglais ont renoncé dans un intérêt d’alimentation à la production de la laine fine, ils ont au moins, par le nombre et l’énormité de leurs animaux, conservé la quantité ; la plupart de leurs espèces ont d’ailleurs des qualités spéciales, c’est ce qu’on appelle des laines longues.

La collection de leurs plantes cultivées a été mise en ordre par les soins de M. Wilson, ancien directeur du collège royal agricole de Cirencester, maintenant professeur d’agriculture à l’université d’Édimbourg, en remplacement de l’illustre David Low, qui a pris sa retraite l’année dernière. Là même, le nombre n’est pas considérable, faute de place : on est bien loin de l’immense exposition de MM. Peter Lawson à Londres en 1851, qui ne contenait pas moins de quatre cents variétés de céréales ; mais ce qui s’y trouve suffit. On y voit rangées méthodiquement, représentées par des poignées d’épis et des échantillons de grains, les principales espèces de froment, d’orge et d’avoine cultivées dans les trois royaumes, avec les plantes fourragères et les racines. Une étiquette porte le lieu où chaque échantillon a été recueilli, la quantité de semence par boisseau et de produit par acre, le poids. La plupart viennent des environs d’Edimbourg, où se trouvent en effet les meilleures cultures de la Grande-Bretagne.

Les botanistes distinguent sept espèces de froment, dont quatre l’emportent sur les autres, le froment ordinaire, triticum sativum, le gros ou poulard, triticum turgidum, le blé dur, triticum durum, et l’épeautre, triticum spelta. Les Anglais ne cultivent ni le blé dur