Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/1066

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capitalistes veulent des certitudes. Il a donc fallu céder en même temps la ligne de Bohême, qui est d’un rapport éprouvé. Ainsi capital rémunéré par la recette d’une seule ligne, chances illimitées dans un pays plein d’avenir, prudence et hardiesse, voilà le système de l’opération.

Le chemin du Nord (ou chemin Ferdinand), dont nous avons suivi le tracé sur les meilleures cartes, met l’Autriche en communication non interrompue avec la Saxe, la Prusse, la Hollande et tout le nord-ouest de l’Europe. Son point d’attache avec le chemin de fer saxon qui va à Dresde est Niedergrund. De ce lieu, il court au sud en traversant la Bohême jusqu’à Prague, vieille cité de 115,000 âmes. Changeant ici de direction, il tend vers l’est jusqu’à une petite ville nommée Triebitz, où il se bifurque pour entrer en Moravie. Un embranchement, continué vers l’est jusqu’à Olmütz, le met en communication avec d’autres lignes prolongées jusqu’en Prusse, en Pologne et en Russie. De Triebitz, la ligne principale reprend la direction du sud jusqu’à Brünn, où elle se soude, pour aller à Vienne, à d’autres chemins qui ne font pas partie des acquisitions de la société. En résumé, le chemin du Nord, depuis la frontière de Saxe jusqu’à Brünn et Olmütz, a un développement de 468 kilomètres en exploitation[1]. La construction a coûté environ 118 millions de francs, obtenus en émettant des actions pour les deux tiers et des obligations pour le reste. Le matériel roulant était en 1852 au-dessous de la moyenne des chemins français; peut-être l’a-t-on augmenté depuis pour le proportionner aux besoins d’une exploitation toujours croissante. Suivant le statisticien allemand à qui nous empruntons ces détails[2], en 1852, on aurait transporté 1,034,880 voyageurs et 502,196 tonnes métriques de marchandises et de charbon. Il paraîtrait enfin que la recette brute des seuls chemins de Bohême et de Moravie en ces dernières années aurait été d’environ 18 millions de francs, de sorte que le produit net suffirait seul pour fournir un intérêt convenable sur les 200 millions engagés par la compagnie. Il est bien entendu que ces données, empruntées par nous aux documens allemands, n’auront un caractère officiel que lorsque la société franco-allemande aura publié des chiffres précis, d’après sa propre expérience.

Au surplus, ces résultats n’ont rien d’improbable eu égard à la

  1. Les documens allemands lui donnent une étendue de 64 milles 1/2, ce qui représenterait 489 kilomètres; peut-être ce chiffre comprend-il un railway de 12 kilomètres conduisant aux mines exploitées par la compagnie.
  2. Chemins de fer allemands, d’après les sources officielles, par le docteur Julius Michaëlis; Leipzig, 1854. — Nous avons consulté ce document à la bibliothèque de la chambre du commerce de Paris, et nous devons la traduction des passages qui nous intéressaient à l’obligeante érudition du bibliothécaire, M. Desmarets.