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Pour le moment, un pareil projet n’existe pas, même à l’état de rêve. L’avantage immédiat qui préoccupe la compagnie est d’avoir la disposition d’une ligne formant le tronc commun des chemins à tracer sur la rive droite du Danube, et surtout la jouissance d’une entrée à Vienne, qui garantirait au besoin son indépendance à l’égard des compagnies rivales.

Quels que soient les développemens que les chemins hongrois sont destinés à prendre, les moyens d’exploitation ne lui feront pas défaut. La société a acquis, à proximité du chemin oriental, des domaines qui suffiront pour longtemps à ses besoins en combustible, peut-être même au renouvellement de son matériel. Ce sont, indépendamment des ateliers de Raab, quatre mines de houille[1] en pleine exploitation, et reliées par l’embranchement de Lissova à Basiasch, d’un côté à la ligne centrale, et de l’autre côté aux terrains houillers qui avoisinent le Danube. On a obtenu en outre la cession de six établissemens métallurgiques situés dans les mêmes districts, savoir : quatre mines de cuivre, dont une argentifère[2], et deux mines de fer qu’on dit fort riches[3], avec des hauts-fourneaux, une forge à l’anglaise récemment construite pour une production annuelle de 10,000 tonnes, et une fonderie de canons et projectiles travaillant pour l’état. Enfin, pour le service de ces mêmes établissemens, on a acheté environ 90,000 hectares de forêts qui fourniront abondamment des traverses pour les voies ferrées, de la charpente pour les habitations et les machines; puis 30,000 hectares de terres labourables que l’on pourrait revendre, si l’on n’avait pas plus de profit encore à y installer des espèces de colonies d’ouvriers attachés aux exploitations.

Au point de vue où nous a placés une civilisation avancée qui tire parti de tout, il nous semble étrange que le gouvernement autrichien se soit dessaisi de tant de richesses. Rappelons-nous ce qui a été dit plus haut sur l’état de la propriété territoriale en Hongrie jusqu’aux réformes, trop récentes encore pour que les effets en soient sentis. On est beaucoup moins surpris que la compagnie ait obtenu à bas prix quatre mines de houille dans le bassin d’Orawicza, lorsqu’on apprend que quatre-vingt-seize houillères, que M. Chopelet signale dans son mémoire comme excellentes, sont à peine utilisées, et qu’il y en a beaucoup d’autres qu’on n’exploite pas du tout. Nous avons

  1. Steyerlorf, Doman, Szekul et Kuptore, dans le district d’Orawicza que traverse le chemin houiller. — M. Chopelet, dans son mémoire adressé au ministre de l’intérieur en 1847, dit : « Les meilleurs charbons sont extraits des mines d’Orawicia, -qui appartiennent à la couronne. »
  2. Moldava, Szaska, Orawicza et Dognaska.
  3. Resicza et Bogschan.