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M " DE MALEPEIRE

SECONDE PARTIE.

IV.

Le marquis s’interrompit à ces mots, et, levant les yeux vers le pastel, il considéra avec une attention mélancolique la ravissante figure qui semblait l’écouter en souriant, puis il reprit : — Je m’installai dans mon atelier impro,visé, et en trois ou quatre jours je peignis ce portrait. . .

— Et tu le signas de tes initiales! s’écria dom Gérusac; il y a une M et un G au bas du châssis, contre la bordure.

— Comment! tu avais examiné ce portrait anonyme avec autant d’attention! répliqua le marquis; pourtant ce n’est pas un chefd’œuvre.

— Non pas précisément, murmura mon bon oncle avec sa naïveté ordinaire.

— Mais il était d’une ressemblance parfaite, continua M. de Ghampaubert, et naturellement on le trouva admirable. Je te fais grâce, mon cher Thomas, de ce qui se passa dans mon pauvre cœur affolé pendant ces quatre jours où je ne détournai pour ainsi dire pas mes regards de ce visage dont je reproduisais amoureusement toutes les beautés. Les séances duraient plusieurs heures, car la baronne était dans une impatience inexprimable de voir mon œuvre terminée. Dès son lever, elle passait dans le cabinet où j’étais déjà, et faisait pré- (1) Voyez la livraison du 15 décembre 1854.