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et non moins bien exécutées. Le maréchal Clausel avait admirablement compris la stratégie et la tactique qui convenaient à l’Algérie. Avec une armée plus nombreuse et mieux munie, avec un peu moins de confiance dans la rare habileté qu’il déployait sur le terrain, un peu plus de suite et d’application à profiter de ses succès militaires, il eût obtenu des résultats plus complets. Toujours est-il que les zouaves et leurs chefs reçurent plus d’une bonne leçon de guerre en servant sous les ordres de celui qui avait sauvé l’armée française après le désastre des Arapiles, et qui sut conduire la retraite de Constantine. Dans l’expédition de Mascara, ils combattirent sous les yeux du duc d’Orléans, qui ne manqua pas de les apprécier à leur juste valeur. A peine le prince royal était-il de retour à Paris, qu’une ordonnance du roi constitua le régiment de zouaves à deux bataillons de six compagnies chacun, mais pouvant être portées à dix. M. de Lamoricière en conservait le commandement, avec le grade de lieutenant-colonel.

Revenus dans la province d’Alger au commencement de 1886, le» zouaves suivirent le gouverneur-général sur le théâtre de leurs premiers exploits. Le col de Mouzaïa fut encore plus énergiquement défendu qu’en. 1830; mais le maréchal, qui connaissait le terrain, avait mieux choisi son point d’attaque. Les zouaves furent chargés d’enlever les crêtes qui dominent la route, et dont l’occupation fait tomber toutes les défenses du col. Malgré les horribles difficultés du terrain, ils s’acquittèrent glorieusement de leur mission, et n’acquirent pas moins d’honneur à défendre ensuite contre l’acharnement des Kabyles les positions qu’ils leur avaient si vaillamment arrachées. Cependant le maréchal les laissa aux environs d’Alger, quand il partit pour Bone; croyant avoir réuni sur ce dernier point des forces suffisantes, se faisant peut-être illusion sur la facilité de l’entreprise où il allait s’engager, il craignait aussi de dégarnir le centre de nos possessions. Les zouaves ne firent pas partie de la première expédition de Constantine. L’année suivante, un de leurs bataillons marchait à l’avant-garde sous les ordres du duc de Nemours, non pour venger l’honneur de nos armes, qui certes était sauf, mais pour réparer par un succès éclatant l’échec de 1836.

Le siège de Constantine est un des plus beaux fleurons de la couronne guerrière des zouaves. Ils y trouvèrent à côté d’eux de dignes rivaux, soit dans ces armes spéciales qui ont toujours au service de la patrie un trésor de courage non moins que de science, soit dans les régimens aguerris dont le général Damrémont avait composé son infanterie. Si dans cette noble lutte il ne fut pas possible aux zouaves de se montrer plus vaillans que leurs émules, ils ne négligèrent rien pour accaparer la plus grosse part de gloire; jamais peut-être ils ne