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Ô sombre tragédie ! ô drame lamentable !
Que nous font désormais les héros de la fable,
Même César et son noble assassin ?
Là tombait un tyran, ici mourut un saint.
Toute une nation, justement affranchie,
Soudain ivre de sang et folle d’anarchie,
À son brillant passé sans regret dit adieu,
Répudiant ses mœurs, ses grands hommes, son Dieu.
Ceux qui la conduisaient dans sa nouvelle voie
De ses déchaînements les premiers sont la proie ;
Puis sous le couperet elle traîne en janvier
Celui que tout martyr aurait droit d’envier ;
Aux mains de trois bourreaux, sur cette horrible place,
On dépouille le Christ devant la populace,
Le doux Capétien, le fils de saint Louis,
Au front loyal et pur, orné de fleurs de lys,
L’esprit haut, le cœur tendre appelé Louis-Seize,
Client par qui vivront Malesherbe et Desèze !…
Mais l’hostie a changé l’échafaud en autel,
Et l’âme en pardonnant s’éleva vers le ciel.

À présent, levez-vous pour les races futures,
Fleurs d’une ère nouvelle, institutions pures,
Libre fraternité, droit pour chacun égal :
Bien, durement acquis, répare enfin le mal !
De tes palmes surtout décorant notre histoire,
Emporte nos guerriers dans tes bras, ô Victoire !
Sur la place sanglante et sur le boulevard,
Chants de mort, taisez-vous ! Sonne, Chant du Départ !
Hoche, Marceau, Desaix, toi, jeune Bonaparte.
Soldats pauvres et nus, hommes dignes de Sparte,
Partez ! Quels noms obscurs au soleil vont surgir !
Arcole, Marengo, le lointain Aboukir !
Ces Gaulois, les voilà de nouveau par le monde,
Et le monde soumis par leur sang se féconde.
Austerlitz, Iéna, sur vos sillons glacés,
Héroïque semence, ont germé nos pensers !
Ô sinistre Moscou !… Cependant, fils des Gaules,
Nous sommes les premiers entrés sous tes coupoles !
Oui, le Kremlin a vu, telle Rome autrefois,
Dans ses remparts sacrés arriver les Gaulois ;
Il a vu, triomphant, dans sa ville enflammée,
Le colosse du monde avec la Grande Armée !