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face d’en dessus, qu’on appelle la table, par une série de facettes plus petites taillées en échelons ou en retraite, comme on le fait pour les pierres de couleur. Je n’hésite point à prononcer que le diamant anglais, réduit par la taille à 102 carats ¾[1], a été taillé suivant le système désavantageux des facettes peu nombreuses, lequel convient aux pierres de médiocre dimension.

Voici au reste le procédé infaillible par lequel j’étudie l’effet d’un diamant : je perce un carton blanc d’un trou un peu plus grand que la grosseur du diamant à essayer, puis, faisant passer un rayon de soleil au travers de ce trou, j’oppose à ce rayon la pierre à essayer en la mettant à une certaine distance du trou derrière le carton, mais de manière à ce qu’elle reçoive en plein le rayon solaire sur la face antérieure, où est la table. Aussitôt on voit le reflet de la table se marquer sur le carton par une figure blanche semblable à la table elle-même. Tout à l’entour sont de petites bandes irisées des couleurs primitives de la lumière, dont les principales sont le rouge, le jaune, le vert, le blanc et le violet. Alors, si les couleurs sont bien séparées dans ces petites bandes irisées, si le nombre de ces petites bandes est considérable, si elles sont espacées bien également autour du reflet blanc de la table, le diamant est bien taillé. Chacune de ces bandes donne un des feux du diamant, et l’on peut ainsi les compter. On pourra donc désormais exprimer pour un diamant le nombre, la qualité et la symétrie de ses feux, et étudier ultérieurement la taille la plus convenable à lui donner. C’est une étude qu’aucun physicien n’a encore tentée, et que j’ai toujours moi-même ajournée, étant (comme dit Homère) « pressé par un autre travail. »

Ἐπεὶ πόνος ἄλλος ἐπείγε.

Le procédé expérimental que je viens de décrire servira à vérifier l’effet attendu. En l’absence du soleil, une lampe électrique de Duboscq permettra de compter les feux de la pierre et d’en étudier la disposition.

La seconde espèce de taille, que l’on appelle, je ne sais pourquoi, taille en rose, consiste à laisser au diamant une large face plane en dessous et à recouvrir le dessus de plusieurs facettes pour obtenir par le reflet sur la face d’en dessous des feux semblables à ceux du brillant. On emploie cette taille pour des pierres de forme plate qu’on aurait trop diminuées de poids en les ramenant à la forme de brillant. C’est ainsi qu’était le diamant indien d’Angleterre, quand il a été présenté à la reine. En le taillant en brillant, on l’a réduit de 186 carats anglais à 103 environ. Je n’ai pas besoin de dire qu’au

  1. Le carat anglais est de 205,4 milligrammes, et le carat français de 205,5 milligr.