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Gallais. Il y usa une roue d’acier et une grande quantité de poudre de diamant ordinaire sans pouvoir l’entamer le moins du monde. La pierre n’y perdit aucune de ses aspérités, quoique chargée d’un poids considérable et chauffée à blanc par le frottement, qui faisait jaillir des étincelles de la roue d’acier, laquelle fut mise hors de service. Il eût fallu, pour cette substance si intraitable, de la poudre d’autres diamans noirs, égrenés l’un contre l’autre. Cette égrisée de diamans noirs sera sans doute quelque jour employée avec avantage pour la taille des diamans ordinaires.

Tout le monde a vu un vitrier, armé d’une petite pointe de diamant, tracer sur le verre un imperceptible sillon qui en fend la croûte et qui permet ensuite de le diviser par éclatement. On pense que les anciens, en gravant sur des pierres très dures, telles que le rubis et le saphir, se sont servis de pointes de diamant comme de burin, et le fini de quelques parties rentrantes des camées et des intailles antiques autorise cette présomption. Voilà encore un art perdu pour la France! Qui le fera renaître ? Depuis les derniers encouragemens donnés à la gravure sur pierre dure par l’impératrice Joséphine et par Napoléon, tout nous est venu de l’Italie, et il n’y a pas un seul monument glyptique des règnes qui ont suivi l’empire.

Le diamant est plus lourd que le cristal de roche et plus léger que le saphir blanc. Il est à peu près du même poids que la topaze blanche du Brésil appelée goutte d’eau. Il est souvent confondu avec ces trois pierres, blanches comme lui. Voyons comment le poids l’en fera distinguer. C’est ici précisément le problème de la couronne proposé par le roi Hiéron de Syracuse au savant Archimède, son parent. Suspectant la fidélité de l’orfèvre Démétrius, qui avait été chargé de faire une couronne votive de douze livres en or pour une offrande à Jupiter, le roi Hiéron désira que, sans endommager le travail précieux de l’artiste, on vérifiât si tout l’or fourni avait été employé. Après bien des réflexions, Archimède pensa que plus les corps étaient compactes, moins ils déplaçaient d’eau, et moins ils avaient de tendance à flotter; en d’autres termes, ils devaient perdre dans l’eau une moindre partie de leur poids. Or Archimède trouva que, pour faire l’équivalent de la perte de poids de la couronne pesant douze livres, il fallait peser dans l’eau onze livres d’argent et une livre d’or. Il fut donc constaté que Démétrius, plus habile qu’honnête, avait substitué onze livres d’argent à pareil poids d’or. On ne dit pas s’il fut mis au bagne de Syracuse.

Maintenant on sait qu’en attachant par un fil très fin, au-dessous d’une balance délicate, un diamant véritable, et en équilibrant la balance, on trouve ensuite le diamant moins pesant des deux septièmes de son poids au moment où on le plonge dans un verre d’eau placé