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lumière sur sa formation en cristaux dans le principe. Une chose qui semble confirmer les vues de M. Despretz, c’est qu’au Brésil, à côté des diamans, on trouve la curieuse substance, aussi dure que le diamant, que les portugais appellent carbonado. Le commerce de Paris appelle tout simplement cette substance du carbone. voici ce qu’en dit M. Tonnant à l’occasion des mines du Brésil : « On y trouve une quantité considérable d’une substance noire, d’une pesanteur spécifique semblable à celle du diamant, mais lamellaire, ou plutôt composée d’une suite de plaques lamellaires, mais en général brisée en fragmens séparés. Cette substance est trop imparfaitement cristallisée pour être taillée, quoiqu’elle possède par places l’éclat du diamant, et on peut la réduire en poudre pour polir les autres pierres. Ceux qui l’ont découverte l’ont nommée carbonade à cause de son apparence analogue à celle du charbon. » Ne serait-ce point là le produit naturel obtenu artificiellement par M. Despretz, indépendamment des parties cristallisées de ses produits chimiques, lesquelles sont sans doute de vrais diamans très petits ? Tout le siècle de Louis XIV a cru à la possibilité de faire croître en grosseur des diamans naturels déposés dans certains liquides, comme on fait croître des cristaux de sel dans une solution de cette même substance. M. Despretz a sans doute pensé à cette influence bien connue qu’exerce un cristal déjà formé pour appeler autour de lui et faire déposer régulièrement des particules analogues aux siennes. Voilà le passé, le présent et l’avenir de la science en ce point. Attendons.

Il y a déjà plusieurs années que des annonces prématurées, relatives à une production de diamant prétendue facile, mirent en émoi tout le commerce de Paris. Le baron Thénard, notre célèbre chimiste, rassura par un examen expérimental les marchands et les familles alarmés sur les valeurs considérables ayant pour base cette reine de toutes les gemmes. Depuis cette époque, la richesse de la France s’est beaucoup accrue et s’accroît chaque jour. Les diamans, plus encore en France qu’en Angleterre, représentent un immense capital. Suivant la remarque de M. Achard, il n’est aucune valeur mobilière qui, étant revendue, éprouve une aussi faible perte, une aussi petite dépréciation, en même temps que le marché est toujours ouvert pour ces valeurs. C’est presque une monnaie courante. Il est donc agréable d’avoir à déclarer que, dans l’état actuel de la physique et de la chimie, rien n’autorise à craindre que les diamans artificiels viennent faire concurrence aux produits de la nature. D’ailleurs, si j’en juge par ce que je puis avoir entendu dire, ce serait vouloir rassurer des gens qui n’ont aucunement peur. Tout le monde sait l’histoire des pièces d’or de M. Sage, dont la matière avait été