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Après avoir divisé le modèle en parties telles qu’elles puissent être moulées et fondues avec facilité, on les réunit dans l’un des châssis préalablement rempli de sable, et on les y enfonce à moitié d’épaisseur ; on tasse ensuite le sable autour du modèle ; on prépare toutes les pièces de rapport pour les endroits refouillés ; on réserve la place des jets et des évents, et l’on obtient ainsi la dépouille de la moitié du modèle. On procède de la même manière pour l’autre moitié dans le second châssis, et le moule en sable se trouve fait. Il ne reste plus qu’à le réparer, à lui imprimer toutes les finesses que devra avoir le bronze, à le recuire afin de lui donner une solidité suffisante, et à le recouvrir de poussier de charbon, afin d’éviter de fâcheuses adhérences entre le sable et l’alliage métallique. On dispose alors dans chacune des parties du moule l’armature du noyau. Quand ce noyau a pris une consistance suffisante, on le retire du moule avec son armature, et on en retranche une épaisseur égale à celle que l’on veut donner au bronze. C’est là qu’est aujourd’hui la grande difficulté du moulage, et il faut une main très habile pour enlever ainsi du noyau une épaisseur faible et égale dans toutes ses parties. On replace ensuite le noyau dans le moule auquel il n’adhère plus, et il ne reste qu’à couler le bronze dans la partie vide entre le moule et le noyau. On voit combien la pratique actuelle du moulage est plus simple et plus expéditive que le moulage en cire perdue.

Dans ces derniers temps, quelques fondeurs ont substitué la fécule au poussier de charbon. Cette substitution ne semble pas être jusqu’ici un perfectionnement industriel : la fécule présente même des inconvéniens que n’offre pas le charbon, et qui compromettent souvent les résultats de la fonte. Elle donne au sable une sécheresse et une aridité qui augmentent la dureté des moules, leur enlèvent toute porosité, et les rendent imperméables aux gaz. Il en résulte que lorsqu’on y verse l’alliage en fusion, l’air, ne trouvant plus d’issue facile, opère dans la masse métallique des ravages qui rendent le bronze défectueux : on obtient alors des fontes rugueuses, qui exigent un travail de lime long et dispendieux. C’est surtout au point de vue hygiénique qu’on recommande l’emploi de la fécule. La poussière de charbon longtemps respirée s’accumulerait dans le poumon et y opérerait souvent des altérations mortelles. La fécule n’aurait pas cet inconvénient : plus grosse et plus lourde que le poussier de charbon, elle tombe dans le moule sans se mêler à l’air respirable. Toutefois cette question de la supériorité de la fécule sur le charbon est loin d’être résolue. Une longue pratique pourra seule prononcer à cet égard. On a sans doute exagéré les inconvéniens industriels de la fécule, aussi bien que les inconvéniens