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des choses qui se trouvent dans l’une des deux bibles se trouvent également dans l’autre. Elles concordent parfaitement, grâce à nos interprétations. »

« Le sermon fut très court, afin qu’on eût plus de temps à donner aux miracles. Lorsqu’il fut fini, la lumière fut retirée du pupitre et placée en face. Smith s’agenouilla ; les fidèles suivirent son exemple, et tous restèrent quelque temps silencieusement en prières. Enfin il se leva, mais les autres continuèrent à rester agenouillés. Après un silence de quelques instans, il prononça ces mots solennels : « Voilà la parole que je vous donne, a dit le Seigneur ; vous serez délivrés de la mort, qui est le pouvoir du diable, du chagrin et des larmes. C’est pourquoi en vertu du pouvoir de l’esprit, je vous commande d’apporter votre mort. »

« Le profond silence qui suivit ses paroles parlait singulièrement à l’imagination. La porte s’ouvrit lentement, et deux hommes entrèrent portant un cadavre : c’était le corps d’une jeune et belle femme enveloppée des blancs habits de la mort. Oh ! quel aspect effrayant et quel air de fantôme elle avait dans ce crépuscule lumineux dû à la demi-clarté qui régnait dans l’appartement ! Les membres étaient raides et froids, les yeux et la bouche à demi ouverts ; l’attitude générale était celle de la mort. Les porteurs la déposèrent sur le pupitre. Smith se tourna vers eux en leur lançant un regard que je ne pus pénétrer. Ward se tenait à côté de lui, et je m’aperçus qu’il jetait souvent les yeux de mon côté.

« — À qui appartient cette enfant ? dit Smith.

« — À moi, dit solennellement un des deux hommes.

« — Est-elle morte subitement ?

« — Oui.

« — Quand ?

« — Cette après-midi.

« — As-tu la foi ?

« — J’ai la foi, dit l’homme avec force. Soutiens-moi contre les défaillances.

« — Cette enfant avait-elle la foi ?

« — Elle l’avait.

« — C’est bien. Ton enfant te sera rendue.

« On entendit alors un faible cri, et une femme qui, ainsi que je pus m’en convaincre dans la suite, était bien réellement la mère de la morte, s’avança et se précipita aux pieds de Smith.

« — Ressuscite mon enfant, cria-t-elle passionnément ; elle était trop jeune, trop bonne, trop belle pour mourir. Ressuscite mon enfant, et je t’adorerai jusqu’à la fin de mes jours.

« — Femme, je l’ai dit, répliqua-t-il. Ensuite, se tournant vers la compagnie, il dit : Que quelques-unes des sœurs surveillent cette femme. Elle ne doit pas se mêler à ce qui va se passer.

« Mistress Bradish s’avança, et, relevant la femme, l’emmena, et la fit asseoir.

« — Que les croyans se lèvent, dit Smith, et entonnent le chant de l’Alleluia !

« Un moment après, le chant commença, bas d’abord, mais s’élevant par