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depuis quelques années, car il a une qualité que les gens du monde apprécient, il guérit, — M. Rayer, a dès l’origine donné à M. Bernard le secours de sa science, de son talent et de son autorité en de pareilles matières; il a cité le premier une malade devenue diabétique à la suite d’une chute sur la nuque. Le pneumo-gastrique avait été excité, il avait réagi sur le foie, qui avait produit un excès de sucre. Plusieurs observations ont confirmé celle de M. Rayer. On a cité des apoplexies qui avaient eu des effets analogues, des chutes et aussi des coups reçus tantôt sur le foie, tantôt sur la tête, qui avaient amené le diabète. Le galvanisme enfin a excité à son tour la production du glycose, et on a vérifié que les agens de toute espèce qui excitent ou paralysent le système nerveux, et par conséquent les fonctions qui en dépendent, influent aussi sur la glycogénie. Enfin, et cela peut-être est plus curieux encore, on a vu dans quelques maladies la matière produite par le foie s’altérer à son tour et faire place à des substances d’une composition analogue. Ainsi, dans le cas où la moelle est altérée en un point autre que celui que nous avons nommé, par exemple au-dessus du renflement brachial, le foie produit de l’amidon ou de la dextrine, qui n’attendent plus qu’une dernière transformation chimique très simple pour devenir du sucre. Il y a là toute une série de découvertes nouvelles que M. Bernard n’a pas encore complétées, qui sur bien des points sont discutables, mais qui deviendront sans doute bientôt l’objet des recherches de cet habile observateur.

Bien d’autres causes agissent également sur la sécrétion glycogénique, bien des maladies l’activent ou l’arrêtent : la température, l’âge, le sexe, le froid, la chaleur, ont des influences que l’on a tenté de déterminer; mais il faut se borner, et je ne parlerai que d’une seule chose qui peut agir sur la production du sucre, de l’alimentation. Là est du reste le nœud de la question. Quelle influence a sur la sécrétion du glycose la nature des alimens? Si, comme on l’a cru jusqu’ici, les alimens féculens, si propres à devenir du sucre, en augmentent fortement la production, et que celle-ci soit très faible, lorsque la nourriture ne contient ni fécule, ni dextrine, ni amidon, il ne se passe dans le foie qu’une action chimique ordinaire, — la théorie de M. Bernard est bien près d’être ébranlée, et les physiologistes qu’il a convaincus sont dupes d’une illusion. Eh bien! là encore l’expérience l’a favorisé. Il est bien clair d’abord que l’abstinence fait décroître la sécrétion. Un animal bien constitué peut vivre douze jours sans prendre d’autres alimens que de l’eau pure, et les chiens soumis à ce régime cessent d’avoir un foie sucré trois ou quatre jours avant leur mort. Chez les oiseaux, la sécrétion est interrompue après quarante-huit heures d’inanition. Si un chien est nourri